Livre du Chevalier Zifar | |
Une page du manuscrit de Paris | |
Auteur | Anonyme |
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Pays | Espagne |
Genre | roman de chevalerie |
Version originale | |
Langue | Castillan médiéval |
Titre | Livro del cavallero Cifar puis Libro del caballero Zifar |
Éditeur | Première édition réalisée à Séville en 1512 par Jacob Cromberger |
Lieu de parution | Deux manuscrits connus, l'un à Madrid, l'autre à Paris |
Date de parution | Première moitié du XVIe siècle |
Version française | |
Traducteur | Jean-Marie Barberà |
Éditeur | Monsieur Toussaint Louverture |
Lieu de parution | Toulouse |
Date de parution | novembre 2009 |
Type de média | Roman de chevalerie |
Illustrateur | Zeina Abirached |
Nombre de pages | 576 |
ISBN | 9782953366419 |
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Le Livre du chevalier Zifar (Libro del Caballero Zifar, ou précédemment Livro del Cavallero Cifar), rédigé durant la première moitié du XIVe siècle, est le plus ancien récit d'aventures de fiction en prose espagnole que nous connaissions[1]. Cette œuvre nous est parvenue par le biais de deux manuscrits, le ms. 11309 de Madrid, datant du XIVe siècle et appelé codex M ; et le ms. 36 de la BnF, appelé codex P ou manuscrit de Paris, daté de 1466 et très richement enluminé. Deux exemplaires d'une édition imprimée à Séville en 1512 existent également.
Le Livre du chevalier Zifar présente certains traits propres au roman de chevalerie et, bien qu'il s'agisse d'un ouvrage anonyme, son auteur serait un certain Ferrand Martínez, clerc de Tolède, qui apparaît en tant que protagoniste dans le Prologue[2] de l'ouvrage. Le récit s'annonce comme une adaptation de la Vie de saint Eustathe (ou Eustache), sorte de roman hagiographique rédigé en grec dans sa forme originelle (BHG 641), puis traduit en latin et de là dans mainte langue vernaculaire. Le général Placidas-Eustathe[3] devient ainsi le chevalier Zifar : à partir de là, la trame du récit se développe par entrecroisement de différents matériaux didactiques, épiques et chevaleresques.
Le texte du Livre du chevalier Zifar combine ainsi certaines caractéristiques des chansons de geste, la quête du chevalier Zifar pouvant notamment évoquer le fameux chant d'exil du Cid. Le Zifar se rapproche également du roman courtois tel que ce genre s'exprime par exemple chez Chrétien de Troyes et dans la matière de Bretagne, avec des éléments didactiques de types variés : tantôt un exemplum, tantôt des proverbes, des sermons ou même un véritable traité d'éducation complet. Il garde toutefois une grande cohérence narrative, surtout si l'on se réfère au manuscrit de Paris, dont l'iconographie et les enluminures, magnifiquement ouvragées, éclairent singulièrement le déroulement logique de chaque partie, reliant chaque anecdote et chaque digression à une thématique centrale. La trame ainsi tissée à partir d'un faisceau d'influences foisonnantes, conserve une grande cohérence, ce qui confère à certains passages du livre les caractéristiques d'un véritable ouvrage de fiction romanesque. Cette « modernité » du Livre du chevalier Zifar n'est d'ailleurs pas sans évoquer quelques-uns de ses plus illustres héritiers, au nombre desquels figurent en bonne place Lazarillo de Tormes et Don Quichotte.