Al-Andalus

Al-Andalus
(ar) الأندلس
(ber) ⵍⴰⵏⴷⴰⵍⵓⵙ
(es) Al-Ándalus
(pt) al-Ândalus

711 – 1492

Émirat du Califat omeyyade : extension maximale d'Al-Andalus vers 732.
Califat de Cordoue vers l'an 1000.
Émirat almoravide vers 1144.
Califat almohade et taïfas almoravides vers 1195.

Informations générales
Capitale Cordoue (929–1031)
Séville (1147–1162)
Cordoue (1162–1163)
Séville (1163–1248)[1]
Grenade (1248-1492)
Langue(s) Arabe (officiel et véhiculaire)[2],[3].
Religion Officielle : Islam sunnite.
Monnaie Dinar
Arcs de style omeyyade dans la grande salle de Madinat al-Zahra, construite pour être le centre du pouvoir pendant la période du califat.
Le patio de los Arrayanes (la « cour aux myrtes »), palais de l'Alhambra à Grenade, aujourd'hui en Espagne dans la communauté autonome d'Andalousie.

Al-Andalus (en arabe : الأندلس ; en berbère : ⵍⴰⵏⴷⴰⵍⵓⵙ[4] ; en espagnol : Al-Ándalus ; en portugais : al-Ândalus) est l'ensemble des territoires de la péninsule Ibérique et certains du Sud de la France[5],[Note 1] qui furent, à un moment ou un autre, sous domination musulmane[6],[7] entre 711 (premier débarquement) et 1492 (prise de Grenade)[7],[8],[Note 2],[10]. L'Andalousie actuelle, qui en tire son nom, n'en constitua longtemps que la partie la plus méridionale[11].

Le terme d'Al-Andalus recouvre des entités politiques très différentes dans le temps. Après la conquête Omeyyade du royaume wisigoth, Al-Andalus, alors dans sa plus grande étendue en 731, fut d'abord une province du Califat initiée par le calife Al-Walid I (711-750) et divisée en cinq unités administratives. En 750, la province s'émancipe du Califat abbasside et devient l'émirat de Cordoue, un émirat omeyyade indépendant fondé en 756 par Abd al-Rahman Ier et qui devient après une première fitna le califat de Cordoue, proclamé par Abd al-Rahman III en 929, ouvrant alors une période qui correspond à l'apogée d'Al-Andalus.

Ravagé par la guerre civile opposant Arabes et Berbères à partir de 1009, le califat de Cordoue prend fin en 1031 après plus de 300 ans de domination omeyyade et se fragmente en royaumes rivaux fragilisés (taïfas) et menacés au nord par les forces chrétiennes. Après la première période de taïfas, Al-Andalus devient la partie ibérique d'empires fondamentalement maghrébins avec la domination almoravide (1085-1145), la deuxième période de taïfas (1140-1203) et la domination almohade (1147-1238). Cette situation prend fin avec la troisième période de taïfas (1232-1287) et la réduction d'Al-Andalus à l’émirat nasride de Grenade (1238-1492), vassal du royaume de Castille.

Par sa logique d'empire et sa richesse, et bien que situé en terre d'islam (en arabe : دار الإسلام), il abrite des populations aux origines et aux croyances multiples : les Arabes, les Berbères, les Muladis (convertis à l'Islam) ainsi que les Saqaliba sont majoritaires, mais y vivent aussi des juifs ainsi que des chrétiens que l'on nomme « mozarabes ». Cette diversité n'est pas un pluralisme stabilisé et présente au contraire un caractère très dynamique dépendant de lieux, de situations et d'époques. La société d'Al-Andalus tend vers une homogénéisation à partir du XIIe siècle.

La péninsule Ibérique sous domination musulmane connaît un apogée culturel à l'époque du califat de Cordoue marqué par un équilibre entre puissance politique et militaire, richesse et éclat de la civilisation[12]. Dès le Xe siècle, Cordoue est un foyer intellectuel qui accueille érudits musulmans et juifs du monde islamique, développe sciences, arts et philosophies, réalise des œuvres architecturales majeures et produit un important corpus littéraire[12]. La culture andalouse renaît plusieurs fois des nombreux bouleversements politiques qui secouent ces territoires, mais à partir du XIIIe siècle, le tableau général est celui d'une lente mais profonde décadence qui s'achève par la prise de Grenade en 1492.

La présence d'Al-Andalus, territoire sous domination musulmane en Europe, a focalisé de nombreux débats, des récupérations politiques, et a engendré plusieurs mythes à plusieurs époques, où Al-Andalus est singulièrement séparé du monde médiéval européen comme du monde islamique classique.

Al Idrissi, carte d'Al-Andalus (1154).
Al Idrissi, carte du monde connu (1154).
  1. Michel Kaplan et Patrick Boucheron, Le Moyen âge : premier et second cycle universitaire, Bréal, coll. « Histoire médiévale », , 213 p. (ISBN 978-2-85394-732-9).
  2. Béatrice Leroy, L'aventure séfarade : de la péninsule ibérique à la diaspora, Flammarion, coll. « Champs », (ISBN 978-2-08-081253-7), « Le temps d'Al Andalus ».
  3. Histoire de l'humanité, vol. IV : 600-1492, UNESCO Edicef, coll. « Histoire plurielle », (ISBN 978-92-3-202813-6, lire en ligne), p. 677.
  4. (en) Yellow.Place, « École Al Andalous ⵜⵉⵏⵎⵍ ⴻⵍ ⴰⵏⴷⴰⵍⵓⵙ ⴰⵢⵝ ⵏⵙⴰⵔ مدرسة الأندلس آيث نصار - Beni Ensar, Morocco », sur Yellow.Place (consulté le ).
  5. Jean-Paul Demoule, On a retrouvé l'histoire de France : comment l'archéologie raconte notre passé, Paris, Folio, , 390 p. (ISBN 978-2-07-044971-2), « Juifs et Arabes : les communautés invisibles », p. 174.
  6. John L. Esposito, The Oxford Dictionary of Islam, New York, Oxford University Press, .
  7. a et b José Ángel García de Cortázar, V Semana de Estudios Medievales: Nájera, 1 al 5 de agosto de 1994, Institut d’études de La Rioja, , p. 52 :

    « Pour les auteurs arabes médiévaux, Al-Andalus a désigné toutes les zones conquises - même temporairement - par les troupes arabo-musulmanes dans les territoires appartenant maintenant à l’Espagne, au Portugal et à la France. »

  8. (es) Eloy Benito Ruano (es), Tópicos y realidades de la Edad Media, Real Academia de la Historia, 2000, p. 79 : « Los arabes y musulmanes de la Edad Media aplicaron el nombre de al-andalus a todas aquellas tierras que habian formado parte del reino visigodo : la Peninsula Ibérica y la Septimania ultrapirenaica » (Les Arabes et les musulmans du Moyen Âge ont appliqué le nom de al-Andalus à toutes les terres qui faisaient auparavant partie du royaume wisigoth : la péninsule Ibérique et la Septimanie).
  9. François Clément, « La province arabe de Narbonne au viiie siècle », Histoire de l'islam et des musulmans en France, Paris, Albin Michel, 2006, p. 18.
  10. Philippe Sénac, Les Carolingiens et al-Andalus, Paris, Maisonneuve et Larose, 2002, p. 40 : « Narbonne continuera d'occuper une place importante chez les auteurs arabes du Moyen Âge qui y voient l'une des limites de la Péninsule ibérique : ainsi Ahmad al-Râzî écrit-il qu'al-Andalus a la forme d'un triangle et que le second de ses angles se trouve dans la partie orientale d'al-Andalus, entre la ville de Narbonne et celle de Barcelone. »
  11. José Antonio Alcantud et François Zabbal, Histoire de l'Andalousie : Mémoire et enjeux, Apt, L'Archange Minotaure, , 274 p. (ISBN 978-2-914453-33-2).
  12. a et b (en) Bonnie James, « Al-Andalus: The Melting-Pot Culture That Created a Renaissance », Fidelio, vol. 13, no 3,‎ , p. 89 (lire en ligne [PDF]).


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