Ammoniac

Ammoniac

Molécule d'ammoniac.
Identification
Nom UICPA azane
Synonymes

nitrure d'hydrogène
esprit alcalin (volatil), alcali fixe, alcali volatil[1]

No CAS 7664-41-7
No ECHA 100.028.760
No CE 231-635-3
No RTECS BO0875000
PubChem 222
ChEBI 16134
FEMA 4494
SMILES
InChI
Apparence gaz comprimé liquéfié, incolore à légèrement coloré, d'odeur âcre, intense, suffocante, irritante[2].
Propriétés chimiques
Formule H3NNH3
Masse molaire[5] 17,030 5 ± 0,000 4 g/mol
H 17,76 %, N 82,25 %,
pKa 9,23[réf. souhaitée]
Moment dipolaire 1,471 8 ± 0,000 2 D[3]
Diamètre moléculaire 0,310 nm[4]
Propriétés physiques
fusion −77,7 °C[6], −77,74 °C
ébullition −33,35 °C[6]
Solubilité dans l'eau à 20 °C : 540 g l−1[2], dans l'alcool soit 14,8 g pour 100 g d'alcool à 95° à 20 °C, l'éther éthylique et les solvants organiques
Paramètre de solubilité δ 33,4 MPa1/2 (25 °C)[7] ;

29,2 J1/2 cm−3/2 (25 °C)[4]

Masse volumique 0,86 kg/m3 (1,013 bar, point d'ébullition)

0,769 kg/m3 (CNTP)[8]
0,73 kg/m3 (1,013 bar, 15 °C)
681,0 kg/m3 à −33,3 °C (liquide)[9]
817 kg/m3 à −80 °C (solide)[10]

d'auto-inflammation 651 °C[2]
Limites d’explosivité dans l’air Inférieure : 15,5[12]
Supérieure : 27[12]
Pression de vapeur saturante à 26 °C : 1 013 kPa[2]
Point critique 112,8 bar, 132,35 °C[13]
Thermochimie
S0gaz, 1 bar 192,77 J mol−1 K−1[réf. souhaitée]
ΔfH0gaz −39,222 kJ mol−1 (−273,15 °C)

−46,222 kJ mol−1 (24,85 °C)[6]

ΔfH0liquide −40,2 kJ/mol[réf. souhaitée]
Δvap 23,33 kJ mol−1 (1 atm, −33,33 °C)

19,86 kJ mol−1 (1 atm, 25 °C)[14]

Cp 2 097,2 J·kg-1·K-1 (°C)

2 226,2 J·kg-1·K-1 (100 °C)
2 105,6 J·kg-1·K-1 (200 °C)[6]

PCS 382,8 kJ·mol-1 (25 °C, gaz)[15]
PCI 317,1 kJ mol−1[16]
Propriétés électroniques
1re énergie d'ionisation 10,070 ± 0,020 eV (gaz)[17]
Cristallographie
Symbole de Pearson [18]
Classe cristalline ou groupe d’espace P213 (n° 198)[18]
Strukturbericht D1[18]
Structure type NH3[18]
Propriétés optiques
Indice de réfraction 1,325[4], même valeur pour l'ammoniac liquide à 16,5 °C sous pression
Précautions
SGH[19],[20]
SGH02 : InflammableSGH04 : Gaz sous pressionSGH05 : CorrosifSGH06 : ToxiqueSGH09 : Danger pour le milieu aquatique
Danger
H221, H314, H331, H400, P210, P261, P273, P280, P305, P310, P338 et P351
SIMDUT[21]
A : Gaz compriméB1 : Gaz inflammableD1A : Matière très toxique ayant des effets immédiats gravesE : Matière corrosive
A, B1, D1A, E,
NFPA 704
Transport
   1005   

   2073   

   2672   

   3318   
Inhalation Les vapeurs sont très irritantes et corrosives.
Peau Les solutions concentrées peuvent provoquer des brûlures.
Yeux Dangereux, Irritation
Ingestion L'ingestion peut provoquer des brûlures de la bouche, langue, œsophage.
Écotoxicologie
Seuil de l’odorat bas : 0,04 ppm
haut : 53 ppm[22]

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

L'ammoniac est un composé chimique de formule NH3 (du groupe générique des nitrures d'hydrogène). Dans les conditions normales de température et de pression, c'est un gaz ; ce gaz est incolore et irritant, d'odeur piquante à faible dose, il brûle les yeux et les poumons à concentration plus élevée.

Dans l'industrie, l'ammoniac est produit par le procédé Haber-Bosch à partir de diazote et de dihydrogène. C'est l'un des composés les plus synthétisés au monde, utilisé comme réfrigérant et pour la synthèse de nombreux autres composés (dont des engrais en grand nombre). À l'état liquide (par exemple à 8 bar et 20 °C), on l'utilise aussi comme solvant.

L'auto-ionisation de l'ammoniac liquide est très faible, caractérisée par une constante de dissociation ionique Ki = [NH4+] [NH2] qui vaut environ 10−33 mol2 l−2 à −50 °C.

Dans le solvant protique NH3 liquide, le cation ammonium NH4+ est l'acide le plus fort alors que l'anion amide NH2 est la base la plus forte.

Son doublet électronique en fait à la fois une base, un nucléophile, un ligand et un réducteur[24]. Sa propriété basique le rend utile pour divers sels d'ammonium. Ses propriétés de nucléophile en font un réactif de base en chimie organique pour la préparation des amides, des imides, etc. Ses propriétés de ligand sont connues depuis le début de la chimie de coordination et le fameux débat scientifique entre Sophus Mads Jørgensen et Alfred Werner, qui attira l'attention du jury du prix Nobel, décerné à ce dernier en 1913. Enfin, sa propriété de réducteur lui permet d'être industriellement oxydé en acide nitrique et en hydrazine notamment, deux produits industriels d'usage intensif.

En génie chimique, le système (air – NH3 – eau) constitue un modèle très étudié de phases liquide-gaz, puisque l'ammoniac est un gaz très soluble dans l'eau, avec une solubilité de 89,9 g pour 100 g d'eau à °C et seulement 7,4 g à 96 °C. Le gaz est soluble dans l'eau, sous forme de NH3 aqueux faiblement dissocié en cations ammonium et anions hydroxyle ; cette solution aqueuse est nommée ammoniaque[25].

Sur le plan biologique, l'ammoniac joue un rôle majeur en agriculture ; c'est grâce à l'ammoniac que l'azote est artificiellement incorporé par les plantes. Chez l'animal, il est impliqué dans l'élimination de l'azote du corps et la régulation du pH sanguin.

Sur Terre, il est essentiellement piégé dans l'écorce terrestre (sels ammoniacaux minéraux tels que bicarbonates, nitrates, nitrites, chlorures, phosphates) ou dans la matière organique (charbon, tourbe, pétrole). En excès dans l'air, c'est un polluant acidifiant et eutrophisant de l'environnement. Après une amélioration de 1990 à 2011[26], ses teneurs dans l'air, maintenant suivies par satellite, sont en hausse en Europe et en France, en raison essentiellement des pratiques agricoles plus industrielles (donnée 2016)[27]. En ville et sur les axes de transport, il est issu du trafic routier pour 40 à 60 %[28], mais à échelle du pays, en 2011, il provient à 94 % des émissions de NH3[29] d'origine agricole. L'élevage, à cause des fumiers et des lisiers, en représente la première source[30],[31]. Sa teneur dans l'air devrait être infime (hormis en présence d'excréments ou urines en décomposition, d'une fermentation par des micro-organismes en milieu confiné ou d'une putréfaction en milieu anaérobie).

  1. P.H. Nysten, Dictionnaire de médecine, de chirurgie, de pharmacie, des sciences accessoires et de l'art vétérinaire, Société typographique belge, , p. 345.
  2. a b c et d AMMONIAC (ANHYDRE), Fiches internationales de sécurité chimique .
  3. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, Boca Raton, CRC Press/Taylor & Francis, , 89e éd., 2736 p. (ISBN 9781420066791, présentation en ligne), p. 9-50.
  4. a b et c (en) Yitzhak Marcus, The Properties of Solvents, vol. 4, Angleterre, John Wiley & Sons, , 239 p. (ISBN 0-471-98369-1).
  5. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  6. a b c et d (en) T.A. Czuppon et al., Kirk-Othmer Encyclopedia of Chemical Technology : Ammonia, vol. 2, John Wiley & Sons, 4e éd.
  7. (en) James E. Mark, Physical Properties of Polymer Handbook, Springer, , 2e éd., 1076 p. (ISBN 978-0-387-69002-5 et 0-387-69002-6, lire en ligne), p. 294
  8. « Gases – Densities » (consulté le ).
  9. Yost, Don M., Systematic Inorganic Chemistry, READ BOOKS, , 440 p. (ISBN 978-1-4067-7302-6, lire en ligne), « Ammonia and Liquid Ammonia Solutions », p. 132
  10. Blum, Alexander, « On crystalline character of transparent solid ammonia », Radiation Effects and Defects in Solids, vol. 24, no 4,‎ , p. 277 (DOI 10.1080/00337577508240819)
  11. a et b (en) Robert H. Perry et Donald W. Green, Perry's Chemical Engineers' Handbook, États-Unis, McGraw-Hill, , 7e éd., 2400 p. (ISBN 0-07-049841-5), p. 2-50
  12. a et b Weiss, 1985.[source insuffisante]
  13. « Properties of Various Gases », sur flexwareinc.com (consulté le )
  14. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, Boca Raton, CRC Press/Taylor & Francis, , 90e éd., 2804 p. (ISBN 9781420090840, présentation en ligne).
  15. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, Boca Raton, CRC Press, , 83e éd., 2664 p. (ISBN 0849304830, présentation en ligne), p. 5-89
  16. Magalie Roy-Auberger, Pierre Marion et Nicolas Boudet, Gazéification du charbon, éd. Techniques de l'ingénieur, réf. J5200, 10 décembre 2009, p. 4
  17. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, Boca Raton, CRC Press/Taylor & Francis, , 89e éd., 2736 p. (ISBN 9781420066791, présentation en ligne), p. 10-205.
  18. a b c et d « The Ammonia (NH3, D1) Structure », sur cst-www.nrl.navy.mil (consulté le )
  19. Numéro index 007-001-00-5 dans le tableau 3.1 de l'annexe VI du règlement CE no 1272/2008, 16 décembre 2008.
  20. a et b Sigma-Aldrich.
  21. « Ammoniac » dans la base de données de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 25 avril 2009
  22. « Ammonia », sur hazmap.nlm.nih.gov (consulté le )
  23. « ESIS » (consulté le )
  24. Le doublet électronique explique facilement sa réactivité, notamment son comportement de base faible ou de réducteur, sa polarisabilité ou son rôle de ligand en chimie générale ou minérale, voire de nucléophile en chimie organique.
  25. NH3 aqueux est une base faible, pKa= 9,23.
  26. Eurostat Agriculture - ammonia emission statistics, données extraites en juin 2015.
  27. Jobert Marine, Air : l’ammoniac repart à la hausse, 8 juillet 2016.
  28. Programme de recherche NUAGE, coordonné par AgroParistech, et financé par l'Ademe : voir CORTEA Connaissance et réduction des émissions de polluants dans l'air - 5e restitution du programme CORTEA. Synthèse et recueil des résumés des projets CORTEA achevés en 2020, https://librairie.ademe.fr/cadic/5135/CORTEA_Connaissance_et_r__duction_des___missions_de_polluants_dans_l_air_-_5__me_restitution_du_programme_.zip (voir chapitre Mesure des émissions d’ammoniac).
  29. Agence européenne de l'environnement, Ammonia (NH3) emissions.
  30. Webb J., Chadwick D. et Ellis, S. (2004), Emissions of ammonia and nitrous oxide following rapid incorporation of farmyard manures stored at different densities, Nutrient Cycling in Agroecosystems, 70, 67-76.
  31. Webb J., Henderson D. et Anthony S.A. (2001), Optimising livestock manure applications to reduce nitrate and ammonia pollution: scenario analysis using the MANNER model, Soil Use and Management, 17, 188-94.

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