Amour courtois

(Codex Manesse)

L’amour courtois ou fin'amor d'après l'occitan, désigne au Moyen Âge la façon d'aimer avec courtoisie, respect et honnêteté, amenant au dépassement de soi, une dame de haut rang, dans une relation où l'objet du désir est a priori inaccessible, et où le joï (joie, jouissance en occitan) ne peut s'installer dans la durée[1]. On en trouve les premières traces dans les poésies des troubadours du Midi de la France, le pays d'oc. Les plus anciennes chansons dont on garde la trace sont celles de Guillaume IX d'Aquitaine, grand-père d'Aliénor.

Chrétien de Troyes a décliné cette conception dans Le Chevalier de la Charette, qui a été théorisée avec sa doctrine et ses règles par Andreas Capellanus dans De amore. Le genre littéraire est ensuite étendu à des situations où disparait la condition adultère, et prend une place primordiale dans les productions des XIIe et XIIIe siècles[2]. Les traces écrites débutant avec les troubadours et les trobairitz, il se poursuivra également dans les romans et dans les chansons de toile.

Cette conception se propage rapidement dans toute l'Europe, dans les créations allemandes, grâce aux Minnesänger, italiennes, dont Dante fait l'éloge, anglaises, espagnoles, portugaises. Il va marquer durablement les productions des poètes des époques suivantes.

Léon Gautier décrit ce qu'est la courtoisie en ces termes : « L'enseignement moral tombait aussi [non pas uniquement des prêtres et du clergé] des lèvres de tous ceux qui entouraient le jeune baron, et il se confondait avec l'enseignement de la politesse, du maintien, des bonnes manières. Un mot résumait toute cette pédagogie élevée, un mot qui est un des plus beaux de notre langue et qui rend le même son que chevalerie et honneur : Courtoisie. »[3]

  1. Anne Berthelot, « Chapitre 1. Littérature et courtoisie », dans Histoire de la littérature française du Moyen Âge, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire de la littérature française », , 49–58 p. (ISBN 978-2-7535-9259-9, lire en ligne)
  2. Yannick Mosset, « Adeline Richard-Duperray, L’amour courtois. Une notion à redéfinir », Cahiers de civilisation médiévale, no 243,‎ , p. 316–318 (ISSN 0007-9731 et 2119-1026, DOI 10.4000/ccm.4757, lire en ligne, consulté le )
  3. Léon Gautier, La Chevalerie (lire en ligne), L'enfance du Baron, partie III

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