Amour courtois

(Codex Manesse)

L'expression amour courtois, ou, selon la formulation occitane, fin'amor, désigne au Moyen Âge la façon pour un chevalier idéal d'aimer une dame de haut rang avec courtoisie, respect et honnêteté, amenant au dépassement de soi, dans une relation où l'objet du désir est a priori inaccessible et où le joï (en français : « joie », « jouissance ») ne peut s'installer dans la durée[1]. L'amour courtois est surtout attesté par une abondante littérature, dont on trouve les premières traces dans les poésies des troubadours des pays d'oc du royaume de France (duché d'Aquitaine, comté de Toulouse, Limousin).

Les plus anciens textes connus sont ceux de Guillaume IX d'Aquitaine (1071-1126), grand-père de la duchesse Aliénor (1122-1204), reine de france, puis d'Angleterre. Après les troubadours et les trobairitz, l'amour courtois apparait ensuite dans les romans et dans les chansons de toile. Chrétien de Troyes a développé cette conception de l'amour dans Lancelot ou le Chevalier de la charrette. Elle a aussi été théorisée (doctrine et règles) par André le Chapelain dans De amore. Le genre littéraire est ensuite étendu à des situations où disparait la condition adultère[pas clair], et prend une place primordiale dans les productions des XIIe et XIIIe siècles[2].

Cette conception se propage dans toute l'Europe, dans les littératures allemande (Minnesänger), italienne (Dante fait l'éloge de certains ouvrages), anglaise, castillane et portugaise. Elle marque durablement les productions des poètes des époques suivantes.

Léon Gautier décrit ce qu'est la courtoisie en ces termes : « L'enseignement moral tombait aussi [non pas uniquement des prêtres et du clergé] des lèvres de tous ceux qui entouraient le jeune baron, et il se confondait avec l'enseignement de la politesse, du maintien, des bonnes manières. Un mot résumait toute cette pédagogie élevée, un mot qui est un des plus beaux de notre langue et qui rend le même son que chevalerie et honneur : Courtoisie. »[3]

  1. Anne Berthelot, « Chapitre 1. Littérature et courtoisie », dans Histoire de la littérature française du Moyen Âge, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire de la littérature française », , 49–58 p. (ISBN 978-2-7535-9259-9, lire en ligne)
  2. Yannick Mosset, « Adeline Richard-Duperray, L’amour courtois. Une notion à redéfinir », Cahiers de civilisation médiévale, no 243,‎ , p. 316–318 (ISSN 0007-9731 et 2119-1026, DOI 10.4000/ccm.4757, lire en ligne, consulté le )
  3. Léon Gautier, La Chevalerie (lire en ligne), L'enfance du Baron, partie III

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