Anarchie militaire

L’Anarchie militaire, dans l'histoire de l'Empire romain, désigne la succession rapide d'empereurs issus des rangs de l'armée et portés au pouvoir par un coup d’État. Elle s'ouvre par l'assassinat d’Alexandre Sévère en 235 et la fin de la dynastie des Sévères ; culmine avec les trente tyrans ; et perdure jusqu’à l'arrivée au pouvoir de Dioclétien, en 284, qui réforme en profondeur les institutions romaines, réunifie l'empire et rétablit la situation sur les frontières.

Outre les militaires qui réussirent à prendre le pouvoir, nombre de généraux tenteront de l’usurper, certains sans y réussir, d’autres ne régnant que sur une fraction de l’empire (par exemple, l’Empire des Gaules). Ajoutée aux défaites militaires en Germanie, à la pression des Parthes en Orient et aux graves troubles internes à l'empire, la période s'inscrit dans la « crise du troisième siècle », durant laquelle l’empire subit plusieurs fragmentations temporaires, de lourdes défaites et une perte de contrôle sur ses provinces.

À l’extérieur, des royaumes barbares envahissent l’empire, qui ne peut plus défendre ses frontières. Surtout soucieux de protéger le limes danubien, clé de l’Italie et de Rome, les empereurs doivent dégarnir certaines frontières pour défendre celles qui sont le plus en danger. Dans les provinces comme en Gaule et en Orient, les légions acclament alors leurs généraux comme empereurs non pour faire sécession, mais pour protéger leur région qui devient à leurs yeux le noyau d’un nouvel empire[1].

S’ensuit, sur le plan intérieur, une crise économique et sociale sans précédent : la valeur de la monnaie s’effondre, et des épidémies déciment le pays. La montée du christianisme remet en cause la religion traditionnelle et ses valeurs. Les empereurs, issus de l’armée ou nommés par elle, auront avant tout soin du bien-être des soldats, leur octroyant de généreuses donations, au détriment de l’économie : les villes s’appauvrissent et les routes, essentielles au commerce, cessent d’être entretenues[2],[3].

Depuis l’assassinat de Caligula en 41 qui avait porté Claude au pouvoir, l’armée et plus spécifiquement la garde prétorienne, avait commencé à jouer un rôle important dans le choix des empereurs en faisant fi de l’autorité du Sénat. Sous les dynasties des Flaviens, Antonins et Sévères (69 à 235), les empereurs réussissent à contenir les tentatives de la Garde prétorienne et à gouverner l’empire. Cependant, après l’assassinat de Sévère Alexandre en 235, l’armée réussit à s’imposer, mettant sur le trône les candidats de son choix, quitte à les remplacer dès que ceux-ci ne correspondent plus à ses attentes.

À côté des empereurs légitimes, qui sont reconnus comme tels par l’ensemble de l’armée, se lèvent nombre d’usurpateurs, généraux commandant une ou plusieurs légions dans diverses provinces de l’empire. Cela perdure jusqu’à ce que Dioclétien, pourtant lui-même porté au trône par les légions de Rhétie et de Norique, mette fin à cette période[4].

  1. Veyne (2005) p. 354-355.
  2. Meulot (1976) p. 403.
  3. Marcet, « Anarchie du IIIe Siècle », http://www.empereurs-romains.net/emp81.02.htm.
  4. Jay, « The Barracks Emperors », http://jaysromanhistory.com/romeweb/empcont/empcont.htm.

Developed by StudentB