Bocage

Un bocage mêlant haies larges (bandes arbustives), champs cultivés et prairies, Eildon Hill (Écosse).
Un paysage bocager : terres cultivées et pâturages protégés par des haies brise-vent, Toscane (Italie).
La haie plessée montre que le paysage bocager est le fruit de l'aménagement de l'espace rural par des générations d'agriculteurs (Angleterre).
Une structure bocagère de montagne riche en haies ondulées (avec un linéaire de hauteur variable) et écopaysagèrement connectée aux boisements et à un rivage lacustre, bord du Zeller See (Autriche).

Un bocage est un paysage agraire constitué d'une mosaïque de champs cultivés et de prés enclos dans un réseau de haies généralement plantées[note 1] à plat ou éventuellement sur des levées de terre appelées talus. Cette végétation haute de 1 à 20 mètres marque généralement les limites de parcelles qui sont de tailles inégales et de formes différentes. Paysage agraire identitaire, l'habitat bocager y est souvent dispersé sous forme de fermes et de hameaux[2]. Des formes bocagères se sont développées sous différentes latitudes et époques au cours desquelles se sont succédé des phases de constructions, de stabilités et de démantèlements du bocage en fonction des contextes historiques (politique, démographique, économique) et du progrès de l'agriculture.

La bocagisation est la transformation systématique d'un paysage agraire par embocagement (constitution d'un réseau maillé de haies)[3]. On appelle débocagisation les phases de destruction de bocages ; à l'inverse, pour les reconstructions ou rénovations de bocages, on parle de rebocagement.

Historiquement, si des formes de bocage ont pu apparaître dès l'âge de bronze[4], le bocage tel qu'on le connaît en Europe de l'Ouest s'est mis en place à la suite des phases de défrichements du Moyen Âge pour la création de cultures en joualles, l'établissement de vergers-potagers de monastères et la formation de jardins de « simples » et herbes à pot d'abbayes. La mise en place du paysage bocager s'est achevée aux époques suivantes et jusqu'au XVIIIe siècle pour quelques régions. À son apogée, le bocage occupait une large part de la façade atlantique européenne et était également présent à l'intérieur de certaines terres. C’est depuis le début du XXe siècle et surtout après la Seconde Guerre mondiale que le bocage a fortement régressé dans toute l'Europe, notamment dans le cadre de politiques nationales ou européennes de remembrement.

De nos jours, le bocage est encore présent de manière notable en Autriche, Belgique (dans le Pays de Herve), Italie, dans le Nord-Ouest du Royaume-Uni, en Espagne et au Portugal. En France, il est existant dans le Grand ouest (dans certaines parties de la Normandie, de la Bretagne, du Maine et du Poitou historique), et aussi dans le Berry, le Massif central (Auvergne, Morvan, Charolais, Brionnais) et même dans le Nord de la France (Avesnois, Boulonnais, Vimeu) et les Alpes (Champsaur).

Lorsque le bocage est reconstitué ou de création récente, il est rendu compatible avec l'agriculture intensive ou industrielle et les engins agricoles de grande taille. Il peut être associé en agroforesterie à une exploitation de terres agricoles mais dans d'autres situations, le nouveau bocage (bocage moderne ou néobocage) peut être sans biodiversité, d'aspect géométrique, aseptisé et monospécifique (une seule espèce). Il n'est alors qu'une médiocre source de bois à bas prix pour la sylviculture intensive.

Pourtant le bocage est un constituant important du réseau écologique. Ses réseaux imbriqués de prairies, haies, talus et fossés sont autant d'éléments jouant un rôle de corridors biologiques[5]. Les haies de ce type de bocage protègent les sols et cultures, et représentent aussi une intéressante source de bois-énergie[6], à l'origine de nouvelle filière économique locale[7].

  1. Jacques Baudry et Agnès Jouin, De la haie aux bocages. Organisation, dynamique et gestion, éditions Quae, (lire en ligne), p. 34.
  2. Albert Dauzat, J. Dubois et H. Mitterand, Nouveau dictionnaire étymologique et historique, Larousse 1971
  3. Georges Métailie, Antoine Da Lage, Dictionnaire de biogéographie végétale, CNRS éditions, , p. 70
  4. Jacques Baudry et Agnès Jouin, De la haie aux bocages. Organisation, dynamique et gestion, éditions Quae, , p. 35.
  5. « Le bocage et les haies en France », sur polebocage.fr (consulté le ).
  6. « Le bocage et les haies en France, Les fonctions de la haie », sur polebocage.fr (consulté le ).
  7. Moret C. et al., « Les filières du bocage, de la gestion durable à la production de bois d’œuvre et de bois énergie : retour d’expérience sur le territoire de Lannion-Trégor Communauté », Sciences Eaux & Territoires, no 30,‎ , p. 22-25 (DOI 10.14758/SET-REVUE.2019.4.04, lire en ligne)


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