Bonheur

La société de consommation et la publicité qui en est le vecteur ont probablement conduit progressivement à une confusion entre les notions de plaisir et de bonheur, une idée véhiculée étant que le bonheur consisterait à assouvir l'ensemble des plaisirs proposés par l'économie de marché.

Vue d'un fast food à Djakarta.
Le judaisme associe le bonheur à l'idée de paradis perdu, depuis qu'Adam et Ève en ont été chassés pour avoir désobéi à Dieu.

Le Paradis, peinture de Jérôme Bosch (vers 1500).
Le christianisme, fondé sur l'idée que Dieu s'incarne en l'homme, répand un message selon lequel le bonheur est possible sur Terre dès lors que l'homme n'oublie pas Dieu.

Le Christ enseignant les béatitudes, peinture de James Tissot (fin XIXe siècle).
À partir du XIIe siècle se développe l'amour courtois : l'idée de plaisir, longtemps écartée par le christianisme, est peu à peu réintégrée dans la notion de bonheur.

Miniature tirée du récit du Roman de la Rose (v. 1430).
Au XVIIIe siècle, le bonheur devient une « idée neuve », à savoir une valeur bourgeoise.
La famille en est une métaphore parmi beaucoup d'autres.

Le Vrai Bonheur, peinture de Jean-Michel Moreau.
Au XIXe siècle, la révolution industrielle a incité Karl Marx à poser la question : « peut-on être heureux au travail ? »

Charlie Chaplin dans son film Les Temps modernes (1936).

Le bonheur est, au sens courant[1], un état émotionnel agréable[2], équilibré et durable[3] dans lequel se trouve quelqu'un qui estime être parvenu à la satisfaction[4] des aspirations et désirs qu'il juge importants[5]. Il perçoit alors sa propre situation de manière positive et ressent un sentiment de plénitude et de sérénité, d'où le stress, l'inquiétude et le trouble sont absents. Cette impression ressentie, indispensable à la survie des mammifères[6], est principalement le résultat de la production de sérotonine[7],[8] dans les noyaux du raphé du tronc cérébral[9], réduisant la prise de risques[10] et poussant ainsi l'individu à maintenir une situation qui lui est favorable. Le bonheur ne doit pas être confondu avec la sensation passagère de plaisir, mais représente au contraire un état d'équilibre, agréable, qui dure dans le temps.

Le bonheur a été étudié en biologie, en psychologie, en sociologie ainsi qu'en philosophie. La plupart des courants philosophiques occidentaux succédant à Socrate sont des eudémonismes, des doctrines visant à atteindre et à maintenir l'état de bonheur. Cette recherche du bonheur individuel en philosophie se renforce encore de manière significative avec l'apparition de l'épicurisme et du stoïcisme. Ces deux grands mouvements philosophiques s'attardent et s'opposent notamment sur le lien existant entre plaisir et bonheur.

  1. Définition introductive élaborée à partir de celles du Centre national de ressources textuelles et lexicale (CNRTL), de Dicophilo, du Larousse et du Littré.
  2. Littré - « bonheur », définition dans le dictionnaire Littré - « État heureux, état de pleine satisfaction et de jouissance»
  3. « Bonheur », Dicophilo : « Bonheur (nom commun). État de satisfaction complète, stable et durable. »
  4. Larousse - Bonheur : « Nom masculin. (de bon et heur) État de complète satisfaction ».
  5. Centre National de Ressources Textuelles et Lexicale (CNRTL) - Bonheur - Définition B - « État essentiellement moral atteint généralement par l'homme lorsqu'il a obtenu tout ce qui lui paraît bon et qu'il a pu satisfaire pleinement ses désirs, accomplir totalement ses diverses aspirations, trouver l'équilibre dans l'épanouissement harmonieux de sa personnalité. »
  6. Inserm - Les récepteurs centraux de la sérotonine (1993) - Michel Hamon et Henri Golan : « La sérotonine ou 5-hydroxytryptamine (5-HT), initialement identifiée au niveau périphérique (elle est très abondante dans les cellules entérochromaffines de l'intestin et dans les plaquettes sanguines), a été mise en évidence dans le système nerveux central (SNC) des mammifères il y a une quarantaine d'années. Très vite, la démonstration de l'hétérogénéité de la distribution de la 5-HT au niveau cérébral a conduit à suggérer que cette amine y jouait le rôle de neuromédiateur. ... Il est aujourd'hui clairement établi que les neurones qui synthétisent et libèrent la 5-HT (les neurones sérotoninergiques) participent au contrôle de nombreuses fonctions centrales telles que le rythme veille/sommeil, la prise alimentaire, la nociception, la thermorégulation, l'activité sexuelle, etc. »
  7. Stéphanie Benz, « Neurosciences: sérotonine vs dopamine, la chimie du bien-être », L'Express, 28 février 2018 : « Nous savons aujourd'hui que ces comportements participent à la production de sérotonine dans le cerveau, constate Pierre-Marie Lledo, directeur du département neurosciences de l'Institut Pasteur. Ce neurotransmetteur, impliqué dans le sentiment de plénitude et de contentement, se révèle essentiel à la régulation de nos humeurs: un cerveau baignant dans la sérotonine est indiscutablement un cerveau heureux. D'ailleurs, nombre de traitements de la dépression, à commencer par le plus célèbre d'entre eux, le Prozac, agissent en accroissant le taux de sérotonine dans notre encéphale. »
  8. (en) Young SN, « How to increase serotonin in the human brain without drugs », Journal of Psychiatry & Neuroscience, vol. 32, no 6,‎ , p. 394–9 (PMID 18043762, PMCID 2077351)
  9. MJT FitzGerald, Jean Folan-Curran, Neuro-anatomie clinique et neurosciences connexes, Maloine, .
  10. Keep calm and carry on: Scientists make first serotonin measurements in humans, ScienceDaily, Virginia Tech, 30 avril 2018 : « "We found that serotonin is highly active in the part of the brain that helps us to navigate bad outcomes in a way that ensures we don't overreact to them," said Rosalyn Moran [...] "Serotonin acts in a way that reminds us to pay attention and learn from bad things, and to promote behaviors that are less risk seeking but also less risk averse. When there's an imbalance of serotonin, you might hide in a corner or run towards the fire, when you should really be doing something in between." »

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