Canon (musique)

Tout par compas suy composés (folio 12). Canon circulaire de Baude Cordier, extrait du Codex Chantilly, manuscrit du XIVe siècle[1].

Un canon (en grec ancien : kanōn « règle, précepte ») est un procédé de composition musicale contrapuntique dans laquelle plusieurs voix, vocales ou instrumentales, jouent ou chantent une imitation de la mélodie, mais de manière différée. C'est la forme la plus stricte de l'imitation polyphonique.

Dans ses origines, la construction du canon se détermine entièrement par l'invention de la mélodie qui donne la règle aux autres voix. Sauf pour sa cadence, aucune partie ne peut s'écarter de la « règle ». Le canon se distingue de la fugue autant par sa simplicité que sa rigueur : aucune voix ne peut s'échapper du « canon » pour répondre aux lois du contrepoint.

Il existe deux types principaux de canons : dans l'un, les voix se poursuivent et arrivent à une fin (par exemple dans la caccia italienne) ; dans l'autre, les voix échangent les phrases musicales qui sont répétées de façon circulaire (rota, rondellus…) « ad infinitum ». La superposition des voix peut se faire avec diverses techniques plus élaborées : avec des vitesses différentes (canon de proportion), en miroir (renversement), « à l'écrevisse » (rétrogradation), la plus étonnante, et combiner tous ces procédés. Certains canons sont accompagnés de parties non canoniques.

Le canon est utilisé en tant que procédé au sein d'une œuvre plus vaste, au caractère contrapuntique ou non (fugue, sonate…), pour constituer une partie, un mouvement ou une section, avant un développement ou une cadence, etc. qui abandonne l'écriture en canon. Une fugue contient couramment des sections canoniques.

Le « canon rythmique » consiste à répéter à l'identique un rythme, décalé dans le temps.

Le canon est une forme musicale polyphonique, ainsi qu'un procédé compositionnel fondé sur le développement de l'imitation. L'idée musicale énoncée en premier — appelée thème, ou antécédent ou dux — se développe en imitation d'une voix à une autre. Celles qui suivent sont appelées conséquents (ou comes). Le décalage produit un contrepoint.

Ce sens strict et moderne n'apparaît pas avant le XVIe siècle, mais le procédé est fondamental à l'écriture polyphonique depuis le XIIIe siècle (Pérotin, 1225 environ). Le canon n'est pas qu'un genre savant. C'est aussi la seule forme de contrepoint strict restée vivace dans la pratique musicale populaire et dont le répertoire est abondant, du moins sous sa forme la plus simple. Il constitue ainsi un des moyens de la pratique polyphonique[2] pratiqués par des musiciens amateurs ou professionnels, s'inscrivant notamment dans un contexte social en Angleterre, par les catches society (du XVIe au XXe siècle).

Le canon peut être utilisé pour un passage ou une œuvre entière. Dans ce cas, les contrapuntistes ont souvent noté leurs canons en n'écrivant la mélodie (l'antécédent) qu'une seule fois ; tel Palestrina pour le double canon de la Missa ad fugam (1567). Joachim Burmeister, au début du XVIIe siècle, donne à cette pratique le nom de fuga imaginaria, puisqu'elle demande aux musiciens de trouver eux-mêmes les entrées. Si le compositeur ajoute des éléments plus complexes, trouver sa résolution. C'est le cas des canons énigmatiques de Bach. Ces canons à énigme sont appelés polymorphes s'ils possèdent plusieurs solutions possibles[3].


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