Le carlisme (en espagnol : carlismo) est un mouvement politique traditionaliste, absolutiste et légitimiste espagnol apparu dans la première moitié du XIXe siècle en réaction au libéralisme, au parlementarisme et au sécularisme, qui revendique le trône pour une branche alternative de la dynastie des Bourbons[1],[2]. À ses origines, il défendait le retour à l'Ancien Régime espagnol (es). Il développa par la suite une doctrine politique inspirée de la tradition espagnole et de la chrétienté médiévale[3],[1][4]. Le carlisme fut à l'origine de plusieurs guerres civiles qui déchirèrent le XIXe siècle espagnol et marquèrent profondément le pays. Malgré quelques succès militaires, les troupes carlistes ne réussirent pas à prendre le pouvoir à Madrid, qui resta aux mains de la fille aînée de Ferdinand VII, devenue Isabelle II (de 1833 à 1868), puis de son fils Alphonse XII (de 1874 à 1885), et enfin du fils de ce dernier, Alphonse XIII (de 1886 à 1931). Il constitua néanmoins tout au long de son existence l'un des principaux acteurs des luttes de la monarchie et de l’Église contre le libéralisme et le modernisme. Plusieurs mouvements actuels se revendiquent encore comme ses héritiers (Parti carliste, communion traditionaliste carliste, carloctavisme, etc.), mais leur audience est extrêmement réduite.
Tout au long de son histoire, l'organisation politique du carlisme fut connue sous divers noms et formations : Communion catholico-monarchique, Parti Jaimiste, Communion légitimiste ou Communion traditionaliste, entre autres. Contre le libéralisme, il revendiquait la défense de la religion catholique et de la Monarchie espagnole traditionnelle, résumée dans sa devise « Dieu, Patrie, Roi », auquel fut ajouté plus tard « Fors »[5].
Mouvement d’une grande longévité, le carlisme fut une force de second rang mais significative dans la politique et la presse espagnoles de 1833 jusqu’à la fin du régime franquiste, dans les années 1970. Il fut au centre de nombreuses guerres et insurrections au cours du XIXe siècle, dont les plus notables sont les guerres civiles de 1833-1840 et 1872-1876. Au cours du Sexenio Democrático (1868-1874), de la Restauration (1875-1931) et de la Seconde République (1931-1936) il fut un acteur de la vie parlementaire, et prit part à la conspiration contre la République et à la guerre civile espagnole de 1936-1939 avec la milice du Requeté.
Après le décret d'unification de 1937, la Communion traditionaliste fut officiellement intégrée dans le parti unique, la Phalange. Ses anciens militants furent considérés comme l’une des « familles » du franquisme et certains carlistes furent désignés à de hauts postes du régime. D’autres, en revanche, agirent dans une semi-clandestinité à la marge du parti unique[6]. À partir de l’expulsion d’Espagne de la famille Bourbon-Parme en 1968, après avoir tenté d’être reconnue à la succession à la Couronne d’Espagne par le général Franco[7], le carlisme se scinda en deux secteurs clairement différenciés : l’un d’entre eux, minoritaire [8] et incarné par le prince Charles-Hugues de Bourbon-Parme, sa sœur Marie-Thérèse et une partie de l’Agrupación Escolar Tradicionalista (es), alléguant d’une rénovation du mouvement, revendiqua les libertés démocratiques, le fédéralisme et le socialisme autogestionnaire, tandis que le secteur majoritaire[9], partisan de poursuivre la doctrine traditionaliste, se trouva dans une large mesure démobilisé et atomisé en une multitude de groupes Union nationale espagnole, Communion traditionaliste, Communion catholico-monarchique et Union carliste, entre autres)[10].
Le changement idéologique incarné par Charles-Hugues, les divisions des années 1970 — dont certaines sont liées aux nouvelles idées de la pensée catholique apparues après le concile Vatican II — et l’échec électoral lors des premières élections démocratiques de la transition démocratique, marquèrent l’entrée en décadence du carlisme[11],[12].