Charles Martel | |
Charles Martel menant le siège d'Avignon. Enluminure ornant les Grandes Chroniques de France, XIVe siècle, Londres, British Library, Ms Royal 16 G VI, fo 118 vo. | |
Fonctions | |
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Maire du palais de Neustrie | |
– (23 ans) |
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Prédécesseur | Rainfroi |
Successeur | Pépin le Bref |
Maire du palais d'Austrasie | |
– (24 ans) |
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Prédécesseur | Théodebald |
Successeur | Carloman |
Biographie | |
Dynastie | Pippinides |
Date de naissance | vers 688 |
Lieu de naissance | Andenne (Royaume des Francs) |
Date de décès | (à 53 ans) |
Lieu de décès | Quierzy |
Sépulture | Nécropole royale de la basilique de Saint-Denis |
Père | Pépin de Herstal |
Mère | Alpaïde |
Conjoints | Rotrude de Hesbaye (c. 690 † 724) Chrotais (c. 710, † après 755) Swanahilde de Bavière (c. 695 † après 741) |
Enfants | Avec Rotrude : Carloman Pépin le Bref Hiltrude Landrade de Munsterbilzen Aude de France Avec Chrotais : Bernard Avec Swanahilde : Griffon Rothaïde Enfants illégitimes : Jérôme Remi de Rouen |
Religion | Catholicisme |
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Charles Martel (en latin : Carolus Martellus ; en allemand : Karl Martell), né vers 688[1] à Andenne[2], actuellement en Belgique, et mort le à Quierzy, est un homme d’État et chef militaire franc qui, en tant que duc des Francs et maire du palais, était de facto dirigeant de la Francie de 718 jusqu'à sa mort[3],[4],[5].
Fils de l'homme d'État franc Pépin de Herstal et d'une noble nommée Alpaïde, Charles Martel affirme avec succès ses prétentions au pouvoir en successeur de son père, et en tant que maire du palais, dans la politique franque. Continuant et s'appuyant sur l'œuvre de son père, il rétablit le gouvernement centralisé en Francie, et commence la série de campagnes militaires qui rétablit les Francs comme les maîtres incontestés de toute la Gaule.
Après un travail pour établir l'unité en Gaule, l'attention de Charles est tournée sur les conflits étrangers, et notamment l'avance musulmane en Europe de l'Ouest, qui est une préoccupation majeure. Les forces musulmanes arabes et berbères ont conquis la péninsule ibérique (711-726), franchi les Pyrénées (720) et saisi la Gaule narbonnaise, qui était une importante dépendance des Wisigoths (721-725)[6]. Après des affrontements intermittents, sous la direction d'Abd al-Rahman ibn Abd Allah al-Ghafiqi, wali d'al-Andalus, ils avancent vers la Gaule et sur Tours, « la ville sainte de la Gaule ». En octobre 732, l'armée omeyyade dirigée par al-Ghafiqi rencontre les forces franques et aquitaines dirigées par Charles dans une zone comprise entre les villes de Tours et de Poitiers (centre-ouest de l'actuelle France[7]), menant à une importante et historiquement décisive victoire franque connue comme la bataille de Poitiers (le nom « Ma'arakat Balâṭ ash-Shuhadâ », « bataille du Pavé des Martyrs » présent dans les sources arabes pourrait la désigner, bien que l'expression se réfère plus vraisemblablement à la bataille de Toulouse[8],[9],[10]), mettant fin à la « dernière des grandes invasions arabes de France », une victoire militaire qualifiée de « brillante » du côté de Charles[11],[12],[13],[14],[15].
Après l'affrontement, Charles dirige l'offensive, détruisant des forteresses à Agde, Béziers et Maguelone, et engageant les forces musulmanes à Nîmes, mais ne parvenant pas à récupérer Narbonne (737) ni l'intégralité de la Narbonnaise wisigothe[11]. Par la suite, il réalise d'importants gains externes contre d'autres royaumes chrétiens, établissant un contrôle franc sur la Bavière, l'Alémanie et la Frise, et contraignant certaines des tribus saxonnes à s'acquitter d'un tribut (738)[11].
En dehors de ses efforts militaires, Charles est considéré comme une figure fondatrice du Moyen Âge européen[16]. Qualifié d'administrateur et de guerrier, il est crédité d'un rôle déterminant dans les responsabilités émergentes des chevaliers des tribunaux, et donc dans le développement du système féodal franc[17]. Le pape Grégoire III, dont le royaume était menacé par les Lombards, et qui ne pouvait plus compter sur l'aide de Constantinople, demanda à Charles de défendre le Saint-Siège, et lui offrit le consulat romain, bien que Charles refusât[11],[18],[19].
Il divise la Francie entre ses fils, Carloman et Pépin. Ce dernier devient le premier des Carolingiens. Le petit-fils de Charles, Charlemagne, afin d'inclure une grande partie de l'ouest, a étendu les royaumes francs, et est devenu le premier empereur d'Occident depuis la chute de Rome[20].
« La victoire de Charles a souvent été considérée comme décisive pour l'histoire du monde, puisqu'elle a préservé l'Europe occidentale de la conquête musulmane et l'islamisation. »