La colonisation de la Bessarabie fut un processus d’immigration, de colonisation et d’acculturation qui s’est déroulé de 1812 à 1917 en Bessarabie tsariste, dans l’empire russe, et de 1940 à 1941 puis de 1944 à 1990 en Bessarabie soviétique, dans l’URSS. Cette colonisation a eu des effets durables sur la population et la structure ethnique de cette moitié orientale du territoire moldave.
La domination russe soutenait une politique d’immigration des populations venant de Nouvelle-Russie, ce qui conduit à des changements majeurs dans la structure ethnique de cette région. Sur le plan territorial, l’immigration ne fut pas uniforme. Elle fut intense dans le nord et le sud de la Bessarabie, dans les anciennes rayas (marches militaires) turques que les Ottomans avaient razziées, en partie dépeuplées de leurs paysans sédentaires chrétiens et concédées aux Tatars musulmans nomades pour qu’ils en fassent des pâturages pour leurs chevaux et leurs ovins : ce fut le cas autour de Hotin, de Cetatea Albă et dans le Boudjak où, après le départ des musulmans consécutif à l’annexion russe, les colons arrivèrent en masse et devinrent plus nombreux que les autochtones roumanophones. En revanche, dans le centre du pays, administré jusqu’en 1812 par la principauté de Moldavie, les autochtones roumanophones, dits Moldaves, sont restés majoritaires, notamment en milieu rural : la colonisation fut plus modérée et se concentra surtout dans les villes.