Communisme

Karl Marx, théoricien du communisme.
Vladimir Ilitch Lénine, fondateur de l'URSS.
Mao Zedong et Joseph Staline, deux des principaux dirigeants d'États communistes du XXe siècle.
Che Guevara, révolutionnaire marxiste argentin, une figure de la révolution cubaine.
Manifestation du Parti de la refondation communiste italien en 2007.

Le communisme (du latin communis – commun, universel) est initialement un ensemble de doctrines politiques, issues du socialisme et, pour la plupart, du marxisme, s'opposant au capitalisme et visant à l'instauration d'une société sans classes sociales, sans salariat et sans monnaie, ainsi que la mise en place d'une totale socialisation économique et démocratique des moyens de production.

Dans son sens d'origine, le communisme est une forme d'organisation sociale démocratique sans classe et sans État où les biens matériels seraient équitablement répartis. Au XIXe siècle, le mot « communisme » entre dans le vocabulaire du socialisme. Il se rattache en particulier à l'œuvre de Karl Marx et Friedrich Engels — qui le reprennent à leur compte en 1848 dans le Manifeste du parti communiste — et, plus largement, à l'école de pensée marxiste, qui prône la fin du capitalisme via la collectivisation des moyens de production. En 1917, les bolcheviks, dirigés par Vladimir Ilitch Lénine, prennent le pouvoir en Russie lors de la révolution d'Octobre. Cet évènement change radicalement le sens du mot communisme : il désigne désormais un mouvement politique international, né d'une scission du socialisme, et qui se reconnaît dans le courant révolutionnaire incarné par les bolcheviks ainsi que dans l'interprétation du marxisme par Lénine. Le communisme se présente désormais comme la véritable expression politique du mouvement ouvrier, au détriment de la social-démocratie dont il est issu. Selon cette acception, le communisme constitue l'un des phénomènes les plus importants du XXe siècle[1], qui a pu être qualifié de « siècle du communisme » tant cette idéologie y a tenu un rôle moteur[2]. Certains courants communistes sont cependant restés critiques et en opposition vis-à-vis des États inspirés du léninisme du XXe siècle, par exemple les conseillistes, ou encore des anarcho-communistes et marxistes libertaires.

Lénine et ses partisans créent en 1919 l'Internationale communiste (dite Troisième Internationale, ou Komintern) afin de regrouper à l'échelle internationale les partisans de la Russie soviétique. Progressivement, l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), fondée en 1922 pour fédérer les territoires de l'ex-Empire russe, dirige via le Komintern les activités de la majorité des partis communistes du monde : elle domine ainsi la mouvance communiste, malgré l'existence de nombreux courants dissidents, et de critiques la qualifiant de capitalisme d'État. Après le reflux de la vague révolutionnaire internationale de 1917-1923 et la mort de Lénine en 1924, Joseph Staline s'impose comme le dirigeant de l'URSS face à Léon Trotski, et oppose à l'internationalisme de la révolution permanente sa doctrine du « socialisme dans un seul pays ».

En 1941, durant la Seconde Guerre mondiale, l'URSS est attaquée par l'Allemagne nazie, avec laquelle elle avait conclu un pacte deux ans plus tôt. Les troupes soviétiques jouent alors un rôle déterminant dans la défaite du nazisme, notamment lors de la bataille de Stalingrad. Après-guerre, l'URSS accède au rang de superpuissance : elle occupe militairement l'essentiel de l'Europe de l'Est, dont les pays deviennent des États communistes, formant le bloc de l'Est. La Chine bascule également dans le camp communiste en 1949. Le rideau de fer qui sépare l'Europe et la progression spectaculaire du communisme amènent le monde à se diviser en « blocs » rivaux : la guerre froide oppose ainsi durant plusieurs décennies les pays communistes au « monde libre », au sein duquel les États-Unis constituent la superpuissance rivale de l'URSS. La Chine de Mao Zedong occupe quant à elle une place à part après la rupture sino-soviétique. À l'apogée de l'influence du communisme dans le monde, un tiers de l'humanité vit dans des pays communistes[3].

Dans les années 1980, l'URSS tente de remédier à ses difficultés économiques et politiques en lançant un mouvement de réformes, la perestroïka : mais ce processus de libéralisation aboutit à l'effondrement général des régimes communistes européens entre 1989 et 1991. Par la suite, bien qu'en net déclin[4], le communisme ne disparaît pas : si des partis anciennement communistes ont adopté d'autres identités, d'autres ont conservé leur nom et sont associés au pouvoir dans certains pays. À Cuba, au Viêt Nam, au Laos et en Corée du Nord, des pays se réclamant du communisme existent encore, sans se conformer à un mode de gouvernement unique. La Chine, pays le plus peuplé de la planète, est toujours dirigée formellement par un Parti communiste ; convertie à l'économie de marché, elle est aujourd'hui l'une des principales puissances capitalistes mondiales.

En tant que dictatures à parti unique, les régimes se réclamant du communisme se sont tous rendus coupables de violations des droits de l'homme ; certains, comme l'URSS sous Joseph Staline et la Chine sous Mao Zedong, ont commis des crimes de masse, le nombre de leurs victimes s'élevant à plusieurs millions de morts. Le bilan historique du communisme, qui englobe un ensemble de réalités très différentes les unes des autres, demeure cependant, du fait même de sa complexité, contrasté et polémique. Le communisme a fait l'objet de diverses approches historiographiques concurrentes, longtemps handicapées par la difficulté d'accès aux documents et par les contextes politiques nationaux et internationaux. La fin de la guerre froide et l'ouverture des archives du bloc de l'Est ont depuis bouleversé le champ des études sur le communisme, sans mettre fin à toutes les controverses autour du sujet.

  1. Le Siècle des communismes 2004, p. 9-19
  2. Denis Berger et Loïc Rignol, article Communismes, in Michèle Riot-Sarcey, Thomas Bouchet et Antoine Picon (dir.), Dictionnaire des utopies, Larousse, 2002, p. 53-58.
  3. Ducoulombier 2011, p. 11
  4. Furet 1995, p. 572

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