Concerto

Création du Concerto in Re per diversi strumenti de Rudolf Lutz le dans la salle des fêtes de l'ancien hôtel de ville de Leipzig par la Camerata Bachiensis.

Le concerto (mot français d'origine italienne ; pluriel : concertos ou parfois concerti[1]) est une forme musicale, composée généralement de trois mouvements (musicaux) (un rapide, un lent, un rapide), où un ou plusieurs solistes dialoguent avec un orchestre. D'origine italienne, il se développa pendant la période baroque et fut une des formes musicales les plus prisées pendant les périodes classiques et romantiques.

L'étymologie du terme renvoie à deux courants parallèles et complémentaires de son histoire. Concertare qui englobe l’idée de rivaliser, de se quereller, de lutter notamment en paroles, se différencie de conserere, qui a une signification de lien, de jonction mais qui peut être aussi l’idée de mettre aux prises. La première acception détermine la base du concerto de soliste d’essence virtuose alors que la deuxième suppose l’égalité des partenaires dont le nombre et la fonction ne sont pas délimités : c’est le principe du « concert à la française ». Le concerto, dont la naissance est liée à celle du style concertant vers le début du XVIIe siècle, lorsque l’apparition de la basse continue généralise l’usage de la monodie accompagnée, succédant au style polyphonique à l'honneur depuis le Moyen Âge, repose sur la notion de dialogue préférée à celle de continuité du langage polyphonique.

Chronologiquement, le terme concerto s’applique d’abord à des pièces religieuses mêlant voix et instruments (Concerty ecclesiastici de Lodovico Grossi da Viadana, Petits Concerts spirituels d’Heinrich Schütz par exemple). Le concerto a donc des origines vocales par la mise en vedette d’un personnage, par un jeu de répliques, d’alternances avec l’ensemble, mais aussi par l’improvisation et l’ornementation laissées au soliste et plus tard dans la cadence. Le concerto purement instrumental, qui se développe en Italie durant la seconde moitié du XVIIe siècle, prend tout d’abord la forme d’un dialogue entre un petit groupe d’instruments solistes (le concertino ) et la masse de l’orchestre, ou ripieno, dite encore « concerto grosso », terme qui finit par définir le genre lui-même.

On en distingue deux sortes, selon leur destination : le concerto da chiesa (concerto d’église), de style sévère et grave, composé de quatre mouvements dans l’ordre lent-vif (fugué) -lent-vif, et le concerto da camera (concerto de chambre), à usage profane, de caractère plus léger, et beaucoup plus libre dans la forme, comprenant de nombreuses danses.

Les trois musiciens à l'origine du concerto sont Arcangelo Corelli (1653-1713), Giuseppe Torelli (1656-1709) et Antonio Vivaldi (1678-1741), que suivirent quelques compositeurs à peine moins brillants, parmi lesquels Giuseppe Tartini (1692-1770), Francesco Geminiani (1678-1748), élève de Corelli et d'Alessandro Scarlatti, ou encore Pietro Antonio Locatelli (1695-1764).

À travers ses concertos, Vivaldi contribue à l'établissement de l'une des premières caractéristiques de la forme reprise au cours des siècles suivants : une démonstration du jeu des virtuoses, souvent par le compositeur lui-même. Le concerto pour violon a aussi fortement influencé l'évolution de la technique du violon, par l'écriture inter-cordes et la mise au point de différentes techniques d'archet. Vivaldi est le premier compositeur à utiliser systématiquement la forme du ritornello, qui devint ensuite la norme pour les mouvements rapides des concertos. Le ritornello est une section qui revient dans différentes tonalités et est jouée par l'orchestre entier. Elle alterne avec des sections dominées par le soliste (épisodes) qui, dans son œuvre, étaient souvent de véritables exercices de virtuosité. Il établit pratiquement le format ternaire du concerto (allegro, andante, allegro) et est parmi les premiers à introduire des cadenza dédiée au soliste.

Si Giuseppe Torelli en reste l'inventeur, le véritable initiateur de la formule et de son succès est Antonio Vivaldi, auteur de très nombreux concertos pour une grande variété d'instruments (violon, violoncelle, mandoline, flûte, hautbois, bassonetc. et leur combinaison con molti strumenti). Nombre de ses contemporains devaient lui emboîter le pas, avec plus ou moins d'originalité.

Certains sont des novateurs : Haendel avec ses concertos pour orgue, Jean-Sébastien Bach avec ses concertos pour 1 à 4 clavecins. Ce dernier écrit même le Concerto italien où son génie lui permet de faire jouer au seul claveciniste, une partie de soliste, en opposition avec une partie de tutti.

La période classique voit l'explosion du nombre de concertos de Joseph Haydn et surtout Wolfgang Amadeus Mozart :

qui sont parmi ses chefs-d'œuvre.

Beaucoup d'autres compositeurs de cette époque œuvrent pour le genre, comme Karl Ditters von Dittersdorf, Franz Anton Hoffmeister et Johannes Matthias Sperger, et permettent à beaucoup d'instrumentistes - et d'instruments comme le violoncelle, le basson, la contrebasse, l'alto… - de s'exprimer.

C'est Beethoven qui inaugure le concerto à l'aube du romantisme, avec ses cinq concertos pour piano et son monumental concerto pour violon. Son exemple est suivi par de nombreux compositeurs : le concerto rivalise avec la symphonie dans le répertoire des grandes formations orchestrales.

Généralement, le concerto comporte trois mouvements :

  • le premier, vif, de « Forme sonate » ;
  • le second, lent, de forme « lied » ou « thème varié » ;
  • le dernier, rapide, de forme « rondo ».

Ce ne sont pourtant que des caractères généraux, et les plus grands compositeurs se gardent bien de brider leur génie par le respect de formes figées.

La plus grande variété d'instruments solistes a été utilisée pour des concertos : voix, piano, clavecin, orgue, violon, alto, violoncelle, flûte, hautbois, clarinette, basson, mandoline, cor, trompette, tuba, harpe, guitareetc. Certains compositeurs ont écrit des doubles ou triples concertos, confrontant plusieurs solistes (Bach, Mozart, Beethoven et Brahms).

  1. Portail lexical du CNRTL: il est précisé que « La majorité des dictionnaires emploient le pluriel français (concertos). Le pluriel italien (concerti) est considéré comme pédant » (faisant référence au Dictionnaire universel de la langue française de Bescherelle publié en 1845), lire en ligne: CNRTL, entrée: Concerto, consulté le .

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