Conjonction (grammaire)

En grammaire traditionnelle, une conjonction est un mot invariable qui sert à interconnecter deux mots, groupes de mots ou propositions dans une phrase complexe, en exprimant une relation grammaticale, sémantique et logique entre les entités reliées. Du point de vue syntaxique, les entités reliées dans une phrase simple ou dans une proposition par une conjonction, ont la même fonction, alors que les propositions reliées dans une phrase complexe peuvent avoir la même fonction ou des fonctions différentes. Entre entités de même fonction, la conjonction établit un rapport de coordination, entre entités de fonctions différente – un rapport de subordination[1],[2],[3],[4],[5]. D’ordinaire, la conjonction relie des entités linguistiques de même niveau de complexité, mais parfois elles peuvent être de niveaux différents, par exemple un mot et une proposition, ex. Aussi Fabrice passait-il toutes ses journées à la chasse ou à courir le lac sur une barque (Stendhal)[6].

La conjonction se caractérise par l’absence de contenu notionnel, due à son abstraction et à sa grammaticalisation, par le manque de flexion et de fonctions syntaxiques, ainsi que par un contenu sémantique très abstrait et insuffisant[4]. Son contenu peut être modal, les conjonctions exprimant des relations comme causeeffet, opposition, comparaison, etc.[5]. En grammaire traditionnelle, la conjonction est vue comme une partie du discours[7] mais, dans certaines conceptions, elle n’est considérée que comme un mot-outil[8].

En tant qu’élément connectif, la conjonction diffère, d’une part, de la préposition (dans certaines langues, de son correspondant, la postposition), qui, à l’intérieur de la phrase simple ou de la proposition, relie une entité subordonnée à une autre qui la subordonne, et, d’autre part du pronom relatif et de l’adverbe interrogatif en interrogation indirecte, qui relient des propositions, ayant en même temps une fonction syntaxique dans celle dont ils font partie[3].

La conjonction est prise en compte en grammaire du texte aussi, comme un élément qui contribue à assurer la cohérence et la cohésion de celui-ci, parmi d’autres entités linguistiques qui ont un tel rôle, appelés par le terme commun « connecteurs »[1].

Par ailleurs, on a constaté que des mots faisant traditionnellement partie de la classe des conjonctions, n’ont pas toujours le rôle de celles-ci. Grevisse et Goosse 2007 les range dans une classe à part, nommée « introducteurs ». De tels mots sont si en tête de phrase exclamative (Si Jeanne pouvait réussir !) ou que en phrase impérative exprimant un ordre pour la troisième personne (Que tout le monde sorte !), ou bien exprimant un vœu : Que votre souhait se réalise ![9]

  1. a et b Dubois 2002, p. 109–110.
  2. Bussmann 1998, p. 231.
  3. a et b Bidu-Vrănceanu 1997, p. 127–128.
  4. a et b Constantinescu-Dobridor 1998, article conjuncție.
  5. a et b Bokor 2007, p. 249.
  6. Grevisse et Goosse 2007, p. 304.
  7. Par exemple dans Grevisse et Goosse 2007, elle fait l’objet de chapitres inclus dans la partie 3, « Les parties du discours ».
  8. Par exemple dans Bidu-Vrănceanu 1997 (p. 127).
  9. Grevisse et Goosse 2007, p. 1406.

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