Date | 1095-1291 |
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Lieu | Europe et Proche-Orient |
Issue | Retrait des Croisés |
Une croisade, au Moyen Âge, est une expédition militaire organisée pour pouvoir mener le pèlerinage des chrétiens en Terre sainte[1] afin d'aller prier sur le Saint-Sépulcre[2]. À cette époque, elle est d'ailleurs conçue comme une forme très particulière de pèlerinage, un « pèlerinage en armes »[2]. Ses participants sont appelés des pèlerins armés, puis, à partir du XIIIe siècle désignés comme croisés. Une croisade est prêchée par un pape, une autorité spirituelle de l'Occident chrétien comme Bernard de Clairvaux, ou par un ou plusieurs souverains comme Frédéric Barberousse. On compte habituellement neuf croisades, de la première (fin du XIe siècle) à la neuvième (1271-1272). Ces croisades constituent pour la majorité d'entre elles des initiatives françaises, avec une majorité de soldats francs, à l'exception de la sixième croisade lancée par le Saint-Empire.
La première croisade est lancée en 1095 par le pape Urbain II depuis Clermont pour rétablir l'accès aux lieux de pèlerinages de la chrétienté en Terre sainte, autorisé jusque-là par les Arabes abbassides, mais interdit par les nouveaux maîtres de Jérusalem à partir de 1071, les Turcs seldjoukides, de nouveaux venus provenant des steppes de l'Asie. À l'époque, Jérusalem n'était plus aux mains des chrétiens depuis de nombreux siècles. La croisade répond aussi à une demande de l'empereur romain d'Orient, inquiet de l'expansion turque qui menace son empire[2].
Cette première croisade aboutit à la fondation des États latins d'Orient, dont la défense va motiver les sept principales croisades ultérieures, de 1147 à 1291, date de la perte du dernier port encore contrôlé par les chrétiens en Orient, Saint-Jean-d'Acre. Toutefois, dès 1187, moins d'un siècle après sa conquête, les musulmans reprennent définitivement Jérusalem grâce à Saladin, même si les croisés gardent la haute main sur de vastes régions[2].
À partir de la quatrième croisade, qui s'empare de Constantinople en 1204, l'idée est parfois dévoyée : des expéditions sont organisées par le pape contre ses opposants chrétiens (albigeois, Hohenstaufen, Aragon ou encore hussites au XVe siècle…) ou païens (baltes). Si elles permettent le maintien provisoire des États latins d'Orient, ces croisades n'ont plus pour objectif Jérusalem.
Les croisés ne firent pas de conquêtes durables, se désintéressèrent de la question une fois que Saladin eut rétabli l'accès aux pèlerinages, hormis pour ceux qui s'étaient installés sur place et, en fin de compte, affaiblirent les chrétiens d'Orient plus qu'ils ne les aidèrent.
Les cités marchandes italiennes ont retiré d'immenses profits économiques des croisades et développé dans la foulée des liens entre les places commerciales européennes. Parallèlement, c'est également à cette période que fait son apparition la violence anti-juive en Europe[2].
La période dite des croisades couvre, selon la définition traditionnelle, les expéditions en Terre sainte, de 1095 à 1291, c'est-à-dire du concile de Clermont à la prise de Saint-Jean-d'Acre. Elle peut s'étendre de 1095 à 1396 (soit exactement 300 ans), date de déroulement de la bataille de Nicopolis en Bulgarie, où s'illustre aussi la cavalerie croisée française. Des historiens la prolongent jusqu'à la bataille de Lépante (1571), en y incluant donc la Reconquista espagnole et toutes les guerres contre les infidèles et les hérétiques sanctionnées par la papauté, qui y attache des récompenses spirituelles et des indulgences.