Culture gallo-romaine

Figures en ronde-bosse gallo-romaines trouvées à Ingelheim am Rhein.

La culture gallo-romaine est la culture romanisée de la Gaule sous la domination de l'Empire romain. Elle est caractérisée par l'adoption ou l'adaptation gauloise de la morale et du mode de vie romain dans un contexte typiquement gaulois[1]. La fusion des cultures, bien étudiée en Gaule[2], donne aux historiens un modèle permettant de comparer et de différencier les développements parallèles de la romanisation dans d'autres provinces romaines moins étudiées.

L'Interpretatio romana a offert des noms romains aux divinités gauloises, telles que le dieu-forgeron Gobannus[3]. Mais des divinités celtiques, seule la protectrice des chevaux Épona pénétra dans les cultures romanisées au-delà des confins de la Gaule[4].

Au début du ve siècle, les invasions barbares ont imposé à la culture gallo-romaine des changements fondamentaux dans la politique, le fondement économique et l'organisation militaire. Le traité gothique de 418 offrit une double loyauté, l'autorité romaine occidentale se désintégrant à Rome. La situation critique de la classe dirigeante hautement romanisée[5] est examinée par Ralph Whitney Mathisen[6], et les luttes de l'évêque Hilaire d'Arles par Michael Heinzelmann[7].

Au viie siècle, la culture gallo-romaine persisterait particulièrement dans les régions de Gaule narbonnaise, qui se développèrent en Occitanie, en Gaule cisalpine et dans une moindre mesure en Gaule aquitaine. Le nord autrefois romanisé de la Gaule, une fois occupé par les Francs, se développera dans la culture mérovingienne. La vie romaine, centrée sur les événements publics et les responsabilités culturelles de la vie urbaine dans la res publica et la vie parfois luxueuse du système de villas rurales autosuffisantes, prit plus de temps à s'effondrer dans les régions gallo-romaines où les Wisigoths ont largement hérité du statu quo en 418. La langue gallo-romane a persisté au nord-est dans la forêt charbonnière (Silva Carbonaria), qui formait une barrière culturelle efficace avec les Francs au nord et à l'est, et au nord-ouest jusqu'à la basse vallée de la Loire, où la culture gallo-romaine interférait avec la culture franque. C'était le cas dans une ville comme Tours et en la personne de Grégoire de Tours, évêque gallo-romain face à la famille royale mérovingienne. Basé sur l'intelligibilité mutuelle, David Dalby compte sept langues issues du gallo-roman : le gallo-wallon, le français, le francoprovençal (arpitan), le romanche, le ladin, le frioulan et le lombard[8]. Cependant, d'autres définitions sont beaucoup plus larges, englobant diversement les langues rhéto-romanes, les langues occitano-romanes et les langues gallo-italiques.

  1. (en) Woolf Greg, Becoming Roman : the origins of provincial civilization in Gaul, University of St Andrews, Cambridge University Press, , 296 p. (ISBN 0-521-41445-8, 9780521414456 et 0521789826, OCLC 37981378)
  2. Les interprétations modernes révisent la dichotomie antérieure de la "romanisation" et de la "résistance", surtout sous l'influence croissante de l'archéologie, à travers les restes matériels des modèles de consommation de tous les jours, tels que Woolf 1998 : 169-205, qui souligne les découvertes à Vesontio / Besançon.
  3. (en) John Pollini, Gallo-Roman bronzes and the process of Romanization : the Cobannus hoard, vol. 9 : Monumenta Graeca et Romana, Leiden/New York/Köln, Brill, , 103 p. (ISBN 90-04-12437-3 et 9789004124370, OCLC 49522596)
  4. L.S. Oaks, "The goddess Epona: concepts of sovereignty in a changing landscape" in Pagan Gods and Shrines of the Roman Empire, 1986
  5. (en) Frank D. Gilliard, « The Senators of Sixth-Century Gaul », Speculum, vol. 54, no 4,‎ , p. 685-697 (ISSN 0038-7134 et 2040-8072, DOI 10.2307/2850323, lire en ligne, consulté le )
  6. (en) Ralph Whitney Mathisen, Roman Aristocrats in Barbarian Gaul : Strategies for Survival in an Age of Transition, University of Texas Press, , 262 p. (ISBN 978-0-292-75806-3 et 0292758065, OCLC 645828287, DOI 10.7560/770515)
  7. (en) John Drinkwater, Hugh Elton et M. Heinzelmann, Fifth-Century Gaul : A Crisis of Identity?, Cambridge University Press, , 400 p. (ISBN 978-0-521-52933-4, lire en ligne), chap. 21 (« The 'affair' of Hilary of Arles (445) and Gallo-Roman identity in the fifth century »), p. 228-238
  8. (en) David Dalby, The Linguasphere register of the world’s languages and speech communities. Observatoire Linguistique, Linguasphere Press, vol. 2, Oxford, Observatoire Linguistique, Linguasphere Press, 1999/2000 (lire en ligne)

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