Empire romain d'Orient
–
(809 ans, 2 mois et 27 jours)
–
(191 ans, 10 mois et 4 jours)
Bannière « tétragrammatique » des Paléologues. |
Aigle bicéphale, insigne impérial des Paléologues (d’après une fresque du XIVe siècle). |
Statut |
Autocratie Monarchie élective |
---|---|
Capitale |
Constantinople (–) Syracuse (–) Constantinople (–) Nicée (–) Constantinople (–) |
Langue(s) | Grec[1], langue dominante depuis Alexandre le Grand, et latin (de 330 à 620), grec (de 620 à 1204 et de 1261 à 1453), syriaque, copte, etc. |
Religion |
Polythéisme romain Christianisme ancien, toléré après l'édit de Milan en 313 Christianisme nicéen, religion d'État après l'édit de Thessalonique en 380 Église orthodoxe après le schisme de 1054 |
Monnaie |
Nomisma, hyperpère, etc. (monnaie byzantine) |
Population | |
---|---|
• 300 | env. 17 000 000 habitants[2] |
• 565 | env. 19 000 000 habitants[3] |
• 775 | env. 7 000 000 habitants[4] |
• 1143 | env. 10 000 000 habitants[5] |
• 1320 | env. 2 000 000 habitants[4] |
Superficie | |
---|---|
• 300 | 2 400 000 km2 |
• 775 | 1 050 000 km2 |
• 1143 | 650 000 km2 |
• 1320 | 420 000 km2 |
• 1450 | 22 000 km2 |
Constantin Ier fonde la ville de Constantinople et en fait la nouvelle capitale de l'Empire romain. | |
Division de l'Empire romain entre les deux fils de Théodose Ier. | |
476 | Oreste renvoie les insignes de la fonction impériale à Zénon. Fin théorique de la scission Occident/Orient de l'Empire. |
– | Règne de Justinien, apogée territorial de l'Empire byzantin. |
– | Guerre contre les Perses : victoire « à la Pyrrhus » remportée par Héraclius en 620 ; le grec, déjà langue véhiculaire de la moitié orientale de l'Empire romain depuis le IIe siècle av. J.-C., devient langue de cour de l'Empire. |
– | Les invasions arabes entraînent la perte du Proche-Orient, de l'Égypte byzantine et de l'Afrique byzantine. Les Bulgares et les Slaves pénètrent dans les Balkans. |
– | Période iconoclaste de l'Empire byzantin, lutte religieuse interne et stabilisation des frontières. |
– | Règne de Basile II, point culminant de l'expansionnisme byzantin durant la dynastie macédonienne. |
1054 | Schisme de 1054. |
1071 | Bataille de Manzikert : l’Empire perd l’Anatolie centrale au profit des Turcs Seldjoukides. |
– | Restauration de la puissance byzantine durant la dynastie des Comnènes. |
1204 | Prise de Constantinople par les croisés de la quatrième croisade. Le territoire byzantin est partagé entre États grecs et États latins. |
1261 | Reprise de Constantinople par Michel VIII Paléologue. |
Chute de Constantinople aux mains des Ottomans sous Mehmed II : mort au combat du dernier empereur romain d'Orient, Constantin XI Paléologue. |
(1er) – | Constantin Ier |
---|---|
– | Justinien |
– | Héraclius |
– | Basile Ier |
– | Basile II |
– | Alexis Ier Comnène |
– | Michel VIII Paléologue |
(Der) – | Constantin XI Paléologue |
Entités précédentes :
Entités suivantes :
L’Empire romain d'Orient, ou Empire byzantin, est l'État apparu vers le IVe siècle dans la partie orientale de l'Empire romain, au moment où celui-ci se divise progressivement en deux. Il se caractérise par sa longévité : il puise ses origines dans la fondation même de Rome, bien que la datation de ses débuts change selon les critères choisis par chaque historien. L'année 330 et la fondation de Constantinople, sa capitale, par Constantin Ier, ou 395 et la division définitive d’un Empire romain qui devenait de plus en plus difficile à gouverner, sont les deux dates de naissance les plus communément adoptées. Plus dynamique qu’un monde romain occidental dont l'administration effective est de plus en plus le fait des élites barbares à la suite de leur arrivée progressive par traité ou par conquête, l’Empire d’Orient s’affirme progressivement comme une construction politique originale. Indubitablement romain, cet empire est aussi chrétien et de langue principalement grecque. En 476, le dernier empereur d'Occident abdique, l'empereur byzantin devient alors l'unique souverain de l'Empire romain en titre.
À la frontière entre l’Orient et l’Occident, mêlant des éléments provenant directement de l'Antiquité avec des aspects innovants dans un Moyen Âge parfois décrit comme grec, il devient le siège d’une culture originale qui déborde bien au-delà de ses frontières, lesquelles sont constamment assaillies par des peuples nouveaux. Tenant d’un universalisme romain, il parvient à s’étendre sous Justinien Ier (empereur de 527 à 565), retrouvant une partie des antiques frontières impériales, avant de connaître une importante rétraction. C’est à partir du VIIe siècle que de profonds bouleversements frappent l’Empire byzantin. Contraint de s’adapter à un monde nouveau dans lequel son autorité universelle est contestée, il rénove ses structures et parvient, au terme de la crise iconoclaste, à connaître une nouvelle vague d’expansion qui atteint son apogée sous Basile II (qui règne de 976 à 1025). Les guerres civiles autant que l’apparition de nouvelles menaces forcent l'Empire à se transformer à nouveau sous l'impulsion des Comnènes, avant d’être disloqué par la quatrième croisade lorsque les croisés s'emparent de Constantinople en 1204. S’il renaît en 1261, c’est sous une forme affaiblie qui ne peut résister aux envahisseurs ottomans ni à la concurrence économique des républiques italiennes (Gênes et Venise). La chute de Constantinople en 1453 marque sa fin.
Tout au long de son histoire millénaire, une continuité autant que des ruptures rythment l’existence de l’Empire byzantin, objet complexe à analyser dans sa diversité. Héritier d’une riche culture gréco-romaine, il la fait vivre et contribue à la transmettre à l’Occident au moment de la Renaissance. Il développe sa propre civilisation, profondément empreinte de religiosité. Pilier du monde chrétien, il est le défenseur d’un christianisme dit orthodoxe qui rayonne dans l’Europe centrale et orientale où son héritage est encore vivace aujourd’hui, tandis que la séparation des Églises d'Orient et d'Occident inaugure la rupture progressive avec le catholicisme romain.
Qualifié d’« archaïque » ou de « déclinant » dans l’historiographie ancienne, parfois empreinte de mishellénisme, l’Empire byzantin a fait preuve d’une remarquable capacité d’adaptation face aux évolutions du monde qui l’entoure et aux menaces qui l’assaillent constamment, souvent sur plusieurs fronts. Il parvient souvent habilement à user de la diplomatie autant que de la force pour contenir ses ennemis. Sa situation exceptionnelle, au carrefour entre l'Orient et l'Occident dont il contribue à brouiller les frontières, entre monde méditerranéen et bassin pontique, lui permet de développer une économie dynamique, symbolisée par sa monnaie, souvent utilisée bien au-delà de ses frontières. Cette même abondance suscite aussi les convoitises de voisins ambitieux qui se heurtent régulièrement aux puissantes murailles de Constantinople. Celle-ci, plus encore que Rome pour l’Empire romain antérieur, est le centre du monde byzantin. Même lors de son déclin à partir de 1204, il préserve une vivacité culturelle qui favorise l’émergence de la Renaissance européenne.
Les jugements sur l’Empire byzantin ont profondément varié en fonction des époques. Considéré comme un modèle à suivre par les régimes absolutistes du XVIIe siècle, il est, au XVIIIe siècle, vivement dénoncé pour cette même raison par les critiques de l’absolutisme, et décrit comme décadent. Ces interprétations ont laissé place à des perspectives historiques plus scientifiques. L’héritage du monde byzantin est cardinal dans la compréhension du monde slave, auquel il a laissé un alphabet et une religion. Au-delà, il a su rayonner, transmettant un droit romain codifié, des chefs-d’œuvre architecturaux, incarnés par la basilique Sainte-Sophie, et, plus largement, une culture originale.