L'esclavage est un système juridique et social qui applique le droit de propriété aux individus, dits esclaves. Par opposition un individu ne faisant pas l'objet d'un tel droit de propriété est dit libre. Le propriétaire d'un esclave est quant à lui appelé maître. Défini comme un « outil animé » par Aristote[1], l’esclave se distingue du serf, du captif ou du forçat (conditions voisines dans l'exploitation) par l'absence d'une personnalité juridique propre[2]. Des règles (coutumes, lois…) variables selon le pays et l’époque considérés, fixent les conditions par lesquelles on devient esclave ou on cesse de l'être, quelles limitations s'imposent au maître, quelles marges de liberté et protection légale l'esclave conserve, quelle humanité (quelle âme, sur le plan religieux) on lui reconnaît, etc. L'affranchissement d'un esclave (par son maître ou par l'autorité d'un haut placé) fait de lui un affranchi, ce qui lui donne un statut proche de celui de l'individu ordinaire. Un esclave en fuite qui a échappé à son propriétaire est appelé marron.
Au fil des siècles, trois commerces à grande échelle, les traites négrières, ont prospéré en s'approvisionnant spécifiquement sur le continent africain : la traite orientale (17 millions de déportés, sur 13 siècles[3]), dont la traite dite arabe était la composante principale, la traite intra-africaine (14 millions de déportés, sur plusieurs siècles, et qui a lieu majoritairement au XIXe siècle[3],[4]), et la traite atlantique (11 millions de déportés, dont 90 % sur 110 ans[3]). On notera que les estimations sont parfois contestées, surtout pour le nombre de victimes de la traite intra-africaine. En tout cas l'impact sociologique, culturel et économique, tant dans les régions esclavagistes qu'en Afrique, où se trouvaient les trois grandes villes du trafic d'esclaves : Tombouctou, Zanzibar et Gao, est particulièrement important, et les trois traites restent fortement gravées dans les mémoires.
L'abolition de l'esclavage devient une cause moderne avec la controverse de Valladolid, à partir de 1550, mais ne progresse vraiment qu'à partir de la protestation de Germantown en 1688. La Révolution française abolit l'esclavage le 4 février 1794, mais Napoléon le rétablit en 1802-1803. Cependant, quelques années plus tard, Napoléon abolira officiellement la traite des Noirs en 1815. La Deuxième République abolira l'esclavage sur tous les territoires français, par le décret du 27 avril 1848.
Les abolitions dans le reste du monde se feront à la fin du XIXe siècle, et au XXe siècle. L'esclavage est officiellement interdit par les différentes déclarations des droits de l'homme, et notamment par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques de 1966.
La Mauritanie a été le dernier pays du monde à interdire officiellement l'esclavage, en 1981[5], avec des poursuites pénales contre les propriétaires d'esclaves établies en 2007[6]. Cependant, en 2019, environ 40 millions de personnes, dont 26% d'enfants, étaient encore réduits en esclavage dans le monde malgré l'illégalité de cette pratique[7]. Plus de 50% des esclaves servent de main-d'œuvre forcée, généralement dans les usines et les ateliers clandestins du secteur privé de l'économie d'un pays. Dans les pays industrialisés, la traite des êtres humains est une forme moderne d'esclavage ; dans les pays non industrialisés, la servitude pour dettes est une forme courante d'asservissement, tels que les domestiques captifs, les personnes dans des mariages forcés et les enfants soldats[8].