L'ethnolinguistique décrit et explique des faits et des dynamiques de processus linguistiques englobant l'analyse sémantique et la variabilité linguistique, dans la situation contextuelle et socio-culturelle de l'acte de communication, des locuteurs et des référents. L'ethnolinguistique mobilise tous les paramètres ou indices significatifs et pertinents quelles que soient les disciplines et spécialités dont ceux-ci relèvent. Cette exigence de sens contextualisée fait de l'ethnolinguistique un champ d'études et de connaissances pluridisciplinaire, qui traite des particularités de chaque terrain étudié, qui produit des méthodes, des bonnes pratiques et des outils, bien avant de produire des généralités et des théories.
La pluridisciplinarité de l'ethnolinguistique emprunte à l'ethnologie, à l'anthropologie linguistique, à la sociolinguistique et à la dialectologie, à l'onomastique et au folklore, à l'histoire et à la philologie, à la psychologie. Lorsque l'ethnolinguistique aborde le langage, c'est en tant que « Weltansicht[1] » ou représentation symbolique communautaire d'une vision du monde partagée – bien que, à terme, comme en toute discipline scientifique, des tendances universelles sont recherchées. Depuis l'anthropologie linguistique aux États-Unis[2], jusqu'à la Russie[3], les ethnolinguistes se réfèrent peu ou prou aux travaux de Wilhelm von Humboldt bien qu'ils ne reprennent pas la totalité de ses concepts, et bien que chaque école en privilégie certains, en sous-pondère d'autres.
Ni Humboldt, ni Boas, Sapir ou Whorf, n'ont utilisé le terme ethnolinguistique.
L'ethnolinguistique peine à se définir et sa dénomination est même remise en cause actuellement en raison des connotations essentialistes qu’on peut lui attribuer, d’un point de vue postmoderne[Par qui ?]. Ses praticiens toutefois partagent de nombreux points communs notamment en termes de paradigmes de recherche, de méthodes et d'outils. L'ethnolinguistique explique des faits de langue à partir de faits culturels ou plus largement, extra-linguistiques. Elle relève donc de la pluridisciplinarité et de l'empirisme[4]. L'ethnolinguistique se distingue ainsi de la sociologie du langage[5] en ceci qu'elle n'étudie pas le langage comme un des éléments culturels, mais se réfère à des éléments culturels pour expliquer des faits de langue, notamment des catégorisations — points de vue de la Weltansicht — ou des phénomènes de variation — traités par la dialectologie.
Par certains aspects, l’ethnolinguistique a tout à voir avec la typologie linguistique — à l'instar du World Atlas of Language Structures — et a même été considérée comme telle jusque dans les années 1970, jusqu’à ce que ce champ prenne une dimension internationale plus neutre, ou du moins, recentrée sur une approche interne de la question des invariants linguistiques, dans une visée structuraliste. On retrouve là la tension implicite entre les deux échelles d’ambition de l’ethnolinguistique : particularisme ancré dans des sociétés humaines (versant ethnographique et variationniste ou dialectologique) d’une part, universalisme et vision globale de la dialectique des invariants et de la variance d’autre part (typologie, diversité et complexité de la Weltansicht aux sens étroit et large).
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