Formation des mots

En linguistique, le syntagme « formation des mots » désigne le moyen interne principal d’enrichissement du lexique d’une langue, consistant en un ensemble de procédés de création de nouveaux lexèmes à partir d’un matériau linguistique préexistant[1],[2],[3].

Les entités bases de la formation des mots sont de diverses provenances. Certaines sont internes à la langue, tels les mots hérités d’une langue dont a évolué celle en cause, et les mots créés autrement que par formation, à savoir des interjections et des onomatopées. D’autres bases sont des emprunts lexicaux à d’autres langues[4],[5].

Quant à la nature des bases, il peut s’agir de radicaux libres (en même temps des mots autonomes), de radicaux liés (inexistants en tant que mots autonomes), d’autres parties de mots non autonomes, ainsi que de mots créés auparavant par un procédé de formation[4].

Les procédés de formation peuvent être groupés de plusieurs façons.

Une division en deux groupes est celle en mots formés spontanément (leur grande majorité) et en mots formés consciemment, certains par des procédés existant dans la formation spontanée, d’autres qui impliquent des réductions conscientes (par exemple les sigles et les acronymes)[6].

Deux groupes également sont constitués par, d’un côté, les formations lexicalisées, qui sont répertoriés dans les dictionnaires, et, d’un autre côté, les non lexicalisées, tels les mots composés occasionnels formés dans certaines langues[7], ou la plupart des sigles et acronymes. Ces derniers ne sont même pas inclus par certains linguistes dans la formation des mots[8]. Les prénoms diminutivés par des procédés de formation des mots entrent aussi dans la seconde catégorie[9],[10].

Une autre classification est faite selon les modes de formation[4] :

  • ajout d’un affixe, c’est-à-dire dérivation lexicale ;
  • combinaison de mots autonomes ou de parties de mots non autonomes, c’est-à-dire composition ;
  • redoublement ;
  • modification de mots ou de syntagmes par réduction ou altération ;
  • autres procédés suivis de lexicalisation.

Il y a aussi des formations qui combinent des procédés différents, par exemple la réduction et la composition dans les mots-valises et les acronymes.

La formation des mots peut aussi être considérée dans la perspective diachronie vs synchronie, puisque certains mots nouvellement formés remplacent leur base, qui tombe en désuétude, alors que d’autres vivent en parallèle avec leur base, d’ordinaire dans des registres de langue différents.

L’importance des procédés de formation des mots diffère d’une langue à une autre, mais aussi dans le cadre d’une même langue. Par exemple, en allemand, la composition est beaucoup plus fréquente qu’en français[11] et, du moins dans les langues mentionnées ici, la dérivation est beaucoup plus importante que le téléscopage.

  1. Dubois 2002, p. 209.
  2. Bussmann 1998, p. 1288.
  3. Bidu-Vrănceanu 1997, p. 207-208.
  4. a b et c Grevisse et Goosse 2007, p. 162.
  5. Gerstner 2006, p. 324.
  6. Gerstner 2006, p. 329-330.
  7. Keszler 2000, p. 325.
  8. Kálmán et Trón 2007, p. 80.
  9. Dubois 2002, p. 236.
  10. Gerstner 2006, p. 328.
  11. Bussmann 1998, p. 222.

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