Germains

Germains
Image illustrative de l’article Germains
Thing germanique (assemblée de gouvernement), d'après un relief de la colonne de Marc-Aurèle, 193 apr. J.-C.

Période Antiquité, Ve au IVe siècles av. J.-C.
Ethnie Germanique
Langue(s) Proto-germanique
Religion Mythologie germanique
Région d'origine Germanie et Scandinavie
Région actuelle Allemagne, Alsace, Autriche, Belgique, Liechtenstein, Luxembourg, Pays-Bas, Sud-Tyrol et Suisse alémanique.
Frontière Mer du Nord et mer Baltique au Nord, Empire romain et mer Noire au Sud, Vistule à l'Est

Les peuples germaniques, ou Germains (également appelés Tudesques, Suèves ou Gaut dans la littérature ancienne), forment un groupe ethnolinguistique indo-européen originaire d'Europe du Nord, caractérisé par l'usage des langues germaniques[1]. Leur histoire s'étend du IIe millénaire av. J.-C. à nos jours[2].

Les peuples proto-germaniques auraient commencé à se différencier au cours de l'Âge du bronze danois, qui a émergé dans le sud de la Scandinavie après la culture de la céramique cordée[3]. Au cours du second Âge du fer, diverses tribus germaniques ont commencé à s'étendre vers le sud depuis les franges de la mer Baltique aux dépens des peuples celtes, qu'ils ont assimilés ou repoussés vers le sud et l'ouest. L'expansion des Germains a fini par se heurter à celle de la Rome antique. La victoire décisive d'Arminius lors de la Bataille de Teutobourg en l'an 9 de notre ère a probablement empêché l'éventuelle romanisation des peuples germaniques : c'est pourquoi elle est considérée comme un tournant dans l'histoire de l'Europe et même, sur le plan linguistique, de l'histoire mondiale puisque l'anglais est une langue germanique[4].

De la mer du Nord jusqu'à la mer Noire, les tribus germaniques se sont installées tout le long de la frontière romaine du Rhin et du Danube, certaines établissant des relations étroites avec les Romains, entrant pacifiquement dans l'Empire comme peuples fédérés, servant souvent de mercenaires, voire de tuteurs impériaux, et atteignant parfois les plus hautes fonctions de l'armée romaine. D'autres en revanche eurent des relations hostiles avec Rome, et ne pouvant encore entrer dans l'Empire, s'étendirent en Europe de l'Est, tels les Gépides qui soumirent les Daces romanisés, ou les Goths qui intégrèrent les Carpes et les cavaliers iraniens de la steppe pontique, contrôlant ainsi la rive nord de la mer Noire et les bouches du Danube, pour lancer de là des expéditions navales vers les Balkans, l'Égée et l'Anatolie jusqu'à Chypre[5],[6],[7].

La violente expansion des Huns en Europe à la fin du IVe siècle crée un « effet domino » : de nombreux peuples germaniques forcent les frontières de l'Empire romain et le vide démographique qu'elles laissent en Europe orientale profite bientôt aux Slaves tandis que l'Empire romain ne survit qu'en Orient ; en Europe occidentale, le territoire de celui d'Occident déclinant est finalement submergé par les Germains qui y érigent leurs « royaumes barbares ». Les Angles et les Saxons s'établissent en Grande-Bretagne, les Francs en Gaule, les Burgondes dans le bassin du Rhône, les Ostrogoths en Illyrie et Italie, les Visigoths en Aquitaine et Hispanie, les Suèves en Galice et les Vandales en Afrique du Nord et dans les îles de la Méditerranée occidentale. Sous la direction du Franc Charlemagne, officiellement reconnu empereur d'Occident par le pape Léon III en 800 de notre ère, le monde germanique forme la matrice du royaume de France mais surtout du Saint-Empire romain germanique qui dureront jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, disputant la légitimité de l'héritage romain à l'Empire d'Orient qui, attaqué de toutes parts y compris de l'ouest, finit par s'effondrer au XVe siècle.

À partir de la Scandinavie, les marins germaniques du Nord, plus communément appelés Vikings et Varègues, se lancent eux aussi dans une expansion massive qui conduit à l'établissement du duché de Normandie, de la Rus' de Kiev et la colonisation des îles Britanniques et de l'océan Atlantique nord jusqu'en Amérique du Nord. Avec l'abandon par les Germains du Nord de leur religion autochtone au XIe siècle, presque tous les peuples germaniques ont été convertis au christianisme romain[8] puis, avec la réforme initiée par Martin Luther au xvie siècle, de nombreuses nations d'origines germaniques ont adopté le protestantisme. La division religieuse qui s'ensuivit aboutit à la fragmentation politique d'une grande partie de l'Europe germanophone[9].

Les peuples germaniques ont contribué à façonner une grande partie de l'histoire de l'Europe occidentale depuis le haut Moyen Âge jusqu'à nos jours[10],[11].

  1. (en) « Germanic peoples », Encyclopædia Britannica,‎ (lire en ligne).
  2. Waldman et Mason 2006, p. 296.
  3. (en) Richard J. Mayne et Donald Weinstein, « History of Europe : The Germans and Huns », Encyclopædia Britannica,‎ (lire en ligne)
  4. (en) Peter S. Wells, The Battle That Stopped Rome : Emperor Augustus, Arminius, and the Slaughter of the Legions in the Teutoburg Forest, W. W. Norton & Company, , 272 p. (ISBN 978-0-393-35203-0, lire en ligne), p. 35
  5. Beckwith 2009, p. 82-83.
  6. Wolfram 1988, p. 86-89.
  7. (en) E. Badian et Ramsay MacMullen, « The barbarian invasions », Encyclopædia Britannica,‎ (lire en ligne).
  8. (en) E.O.G. Turville-Petre et Edgar Charles Polomé, « Germanic religion and mythology », Encyclopædia Britannica,‎ (lire en ligne)
  9. Waldman et Mason 2006, p. 311-312.
  10. Waldman et Mason 2006, p. 330-331.
  11. Minahan 2000, p. 288.

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