Herbert Henry Asquith, dit H. H. Asquith, né le à Morley (Yorkshire de l'Ouest) et mort le à Sutton Courtenay (Berkshire), est un homme d'État britannique, membre du Parti libéral et Premier ministre du Royaume-Uni de 1908 à 1916.
Diplômé, à dix-sept ans seulement, du Balliol College, l'une des écoles accueillies sur le site de la prestigieuse Université d'Oxford, il devint barrister, une variante du métier d'avocat. Lors des élections générales de 1874, il se fit remarquer par son discours contre Randolph Churchill pour la circonscription de Woodstock (en). Proche du Parti libéral, il se fait élire à la Chambre des communes lors des élections générales de 1886. Lors du retour au pouvoir de son parti en 1892, il fut nommé secrétaire d'État à l'Intérieur par William Ewart Gladstone. Il conserva son poste jusqu'à la défaite de 1895. Revenu dans l'opposition, il renonça en 1898 à prendre la tête du Parti libéral, apportant son soutien à Henry Campbell-Bannerman. Il fut nommé chancelier de l'Échiquier lors du retour au pouvoir du parti en décembre 1905, renforcé par le triomphe du parti aux élections générales de 1906. Cependant, la dégradation de l'état de santé de Campbell-Bannerman entraîna son retrait en avril 1908.
Nommé Premier ministre, sa confirmation ne fut pas immédiate[b]. Après la mort au 10 Downing Street d'Henry Campbell-Bannerman[d], il devient en plus le chef du Parti libéral. Dans le prolongement de l'action de William Ewart Gladstone, il engagea une réforme de la Chambre des lords, qui avait rejeté à plusieurs reprises les projets d'autonomie de l'Irlande (ou Home Rule). Le prétexte fut trouvé par la difficile adoption de l'une des principales réformes sociales des libéraux : l'introduction d'un impôt sur le revenu. Le People's Budget, qui devait introduire ce nouvel impôt, fut bloqué en novembre 1909 par la Chambre des lords. Le veto des lords provoqua une crise parlementaire[1], obligeant Asquith à demander à Édouard VII la convocation d'élections anticipées en janvier 1910. Malgré un Parlement minoritaire (Hung Parliament), entraînant la convocation de nouvelles élections en décembre 1910, Asquith et Lloyd George présentent de nouveau le projet de loi. Asquith menaça de faire créer par George V, nouvellement intronisé, près de 500 nouveaux pairs pour faire passer le projet en cas de nouveau refus de la Chambre des lords. Le Parliament Act de 1911 (en) fut adopté peu après, encadrant fortement les pouvoirs de la chambre haute et réduisant à cinq ans la durée d'une législature du Parlement. Asquith eut beaucoup plus de mal sur la situation de l'Irlande, ainsi que sur le droit de vote des femmes, et s'opposait à son secrétaire d'État à l'Intérieur, Winston Churchill. La multiplication des manifestations des suffragettes, ainsi que la révélation du scandale Marconi, affectèrent son gouvernement. Sur le plan international, il contribua au renforcement de l'Entente cordiale en soutenant la France lors de la crise d'Agadir. Le naufrage du Titanic eut lieu sous sa gouvernance. Après l'attentat de Sarajevo, le secrétaire d'État aux Affaires étrangères Edward Grey proposa aux puissances coloniales[e] une conférence internationale pour résoudre la crise de juillet, sans succès[f]. Le , il déclare la guerre à l'Empire allemand, en réponse à celle de celui-ci à la France, faisant entrer le Royaume-Uni dans la Première Guerre mondiale. L'échec de la Triple-Entente dans la bataille des Dardanelles et la crise des obus de 1915 contraignirent Asquith à former un cabinet de guerre. De plus en plus critiqué, notamment par Lloyd George (alors ministre des Munitions), dans sa conduite de la guerre, Asquith démissionne en décembre 1916. Battu lors des élections générales de 1918, son influence sur la politique nationale fut beaucoup moins importante[a]. En décembre 1923, il renonça à revenir au pouvoir, malgré l'élection d'un Parlement minoritaire où le Parti libéral était pourtant en position de « faiseur de rois ». Battu à nouveau lors des élections générales de 1924, il fut élevé à la pairie, intégrant la Chambre des lords. Il quitta la tête du Parti libéral en octobre 1926, remplacé par son éternel rival, David Lloyd George.
Asquith est le dernier premier ministre du Royaume-Uni issu du Parti libéral à diriger un gouvernement majoritaire. Il est également l'un des principaux responsables du déclin du parti, qui ne retrouva jamais le pouvoir après les élections générales de 1922. Son héritage et son action ont longtemps été critiqués avant que de nouvelles études ne réhabilitent sa politique ainsi que sa conduite de la guerre. Il est d'ailleurs plutôt bien classé par les historiens et par l'opinion publique britannique.
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