Histoire du capitalisme

Depuis le XIXe siècle, la question du commencement de l'histoire du capitalisme, de ses origines, de sa consistance et surtout de son évolution est la source de débats sociologiques, économiques et historiques majeurs.

  • Les tenants du matérialisme historique[1],[2] y voient le système de production, symbole du triomphe de la bourgeoisie sur la noblesse. Système qui est à la fois une étape et un âge dans l'histoire de l'humanité, caractérisé par la lutte des classes, et la perspective à terme de son renversement inéluctable sous l'action du prolétariat.
  • Des sociologues allemands du début du XXe siècle, tels Werner Sombart[3] ou Max Weber, y voient la caractérisation d'un état institutionnel de la société globale et expliquent son émergence par des données culturelles et religieuses.
  • Des historiens, tels Fernand Braudel, font remonter les racines du capitalisme au Moyen Âge et illustrent l'évolution de cette « civilisation » dans le temps long de l'histoire. Le capitalisme dériverait de la pratique du « commerce au long cours » où des négociants financiers inventent l'association financière pour monter des expéditions lointaines susceptibles de ramener des marchandises très recherchées[4].
  • Des économistes, tels Joseph Schumpeter[5], soutiennent que les caractéristiques essentielles du capitalisme existent déjà dans le monde gréco-romain.

L'histoire et la représentation du capitalisme soulèvent de nombreuses discussions, sujets de confrontation entre les grands courants politiques, économiques et historiographiques : impérialisme, colonialisme, inégalités, crises économiques mais aussi démocratie, liberté, développement, richesse et abondance sont autant de termes et concepts maniés par les auteurs.

À la fin du XXe siècle, l'effondrement du bloc soviétique et de son système économique qui, depuis la Révolution russe de 1917, avait concerné une part importante de la population humaine, marque un nouvel âge du capitalisme ainsi qu'une réorientation de sa critique, en l'absence d'existence d'un système alternatif le menaçant. Des économistes comme Thomas Piketty soutiennent cette théorie. Selon ce dernier : « La croissance moderne et la diffusion des connaissances ont permis d’éviter l’apocalypse marxiste, mais n’ont pas modifié les structures profondes du capital et des inégalités – ou tout du moins pas autant qu’on a pu l’imaginer dans les décennies optimistes de l’après-Seconde Guerre mondiale »[6].

  1. (de) Friedrich Engels et Karl Marx, L'idéologie allemande, 1845 (partiel) et 1932 (intégral posthume)
  2. Joseph Staline, Matérialisme dialectique et matérialisme historique,
  3. (de) W. Sombart, Der moderne Kapitalismus,
  4. Thèse discutée par son successeur à l'EHESS, Jacques Le Goff dans son ouvrage Le Moyen Âge et l'argent: c’est l’abondance des métaux précieux d’Amérique qui a permis au XVIe siècle que commence à naître le capitalisme, un terme et une réalité que j’estime tout à fait impossible pour caractériser le Moyen Âge, me séparant ainsi d’un de mes grands maîtres, Fernand Braudel, qui voyait, lui, un précapitalisme au Moyen Âge in Entretien avec Jacques Le Goff à propos de son dernier ouvrage, le Moyen Âge et l’argent.
  5. (en) J. A. Schumpeter, Capitalism, R. V. Clemence (ed.), , p. 189
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