L’islam est présent dans la région de l'actuelle Turquie depuis la seconde moitié du XIe siècle, lorsque les seldjoukides ont commencé à s'étendre depuis l'Est vers l'Anatolie orientale. C'est la religion très majoritaire de la Turquie, où l'on estime que 83 %[2] de la population est musulmane. Cependant, la constitution est laïque et l'islam n'est pas religion d’État, contrairement à de nombreux autres pays à majorité musulmane. On estime qu'environ 80-85 % des musulmans sont sunnites, et 15-20 %[3] sont chiites. Les chiites sont surtout alevis, mais il existe une petite minorité de duodécimains.
La société turque a commencé à se séculariser lors des dernières années de l’Empire ottoman. La sécularisation s'est ensuite opérée à marche forcée sous Atatürk. Sous son règne, il a fait disparaître le califat, c'est-à-dire le pouvoir politico-religieux suprême de l'islam, ainsi que les symboles de suzeraineté sur tout le monde musulman. Après 1950, plusieurs dirigeants politiques ont cherché à s'appuyer sur l'attachement populaire à l'islam, qui a alors retrouvé un soutien politique. Malgré tout, dans la continuité du kémalisme, la majorité du personnel politique resta opposée à ce retour du religieux dans la sphère politique. Cette opposition politique a polarisé la société[4]. Dans les années 1980, une nouvelle génération est apparue, à la fois éduquée et attachée à l'islam. Elle a remis en cause la sécularisation imposée par l'État, revendiquant fièrement l'héritage islamique ottoman. Quant à la génération Z, selon un sondage mené en 2020, 28,5 % déclarent ne pas être croyants[5].