Le Quart Livre | ||||||||
Auteur | François Rabelais | |||||||
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Pays | Royaume de France | |||||||
Genre | Roman | |||||||
Date de parution | 1552 | |||||||
Chronologie | ||||||||
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Le Quart Livre est un roman écrit par François Rabelais et publié dans sa version définitive en 1552. Cette suite des aventures de Pantagruel germe dans un contexte délicat pour l’écrivain, mis en difficulté par les théologiens de la Sorbonne après la publication du Tiers Livre. Il parvient cependant à obtenir la protection du cardinal Odet de Coligny et l'ouvrage connaît un succès rapide malgré une nouvelle tentative de censure. Les prologues témoignent de ce contexte polémique.
Écrit avec la verve comique dont François Rabelais est coutumier, le roman consiste en un récit de voyage en mer où les protagonistes rencontrent des créatures et des lieux invraisemblables qui entrent en résonance avec les préoccupations humanistes de l'auteur. À la suite de leur décision prise à la fin du Tiers Livre, Pantagruel, Panurge et leurs compagnons embarquent sur la Thalamège vers l'oracle de la Dive Bouteille qu'ils atteindront dans Le Cinquième Livre.
Le roman reprend des caractéristiques du récit de voyage, en lien avec la curiosité pour les nouvelles contrées explorées dans le cadre des grandes découvertes. Il en détourne cependant l'esprit par son tour satirique et les éléments merveilleux. L'itinéraire s'inspire de la mythologie grecque et en particulier de la quête de la toison d'or.
L'architecture du roman est diversement interprétée : une juxtaposition d'épisodes indépendants sans cohésion d'ensemble, un récit structuré par des constances thématiques (les sacrements, la tempête, les monstres) ou au contraire un texte fortement structuré dont le centre serait le combat contre le Physetère.
La narration comporte une forte dimension allégorique, notamment par l'énumération des lieux. Elle est cependant obscurcie par le mélange des registres et est tournée en dérision par le narrateur lui-même. En revanche, la satire incarne plus ouvertement les convictions humanistes de François Rabelais, qui attaque la vénalité de la justice et surtout reprend les critiques évangélistes contre les abus de la papauté.
Le style du Quart Livre cultive le goût de l'érudition joyeuse. Les calembours, les proverbes, les apophtegmes, les listes et les onomatopées relèvent ainsi à la fois d'un jeu linguistique et d'une réflexion sur les mots. La fin du roman, en particulier l'épisode des paroles gelées, montre bien la place que le langage occupe dans la trame narrative, l'interprétation des signes étant au cœur de ce passage.
Comme dans les autres romans rabelaisiens, la dimension comique du Quart Livre est marquée par une certaine ambivalence : des éléments farcesques volontiers cruels sont contrebalancés par les idéaux humanistes. Cette ambivalence se retrouve dans la représentation des monstres, qui construisent la dimension burlesque et merveilleuse du récit tout en étant riches d'implications symboliques, ou encore dans les thèmes obscènes qui participent à la charge satirique du roman tout en renvoyant à sa dimension carnavalesque et aux idéaux évangéliques.
François Rabelais emprunte à de nombreuses sources antiques et contemporaines pour construire son roman, comme Lucien de Samosate ou Teofilo Folengo. Le recours à Hippocrate témoigne de son intérêt pour la médecine tandis que les emprunts à différents genres dramatiques donnent un aspect théâtral à plusieurs scènes.