Mare

Une grenouille et un nénuphar, deux espèces emblématiques des mares.
Mare aménagée spécifiquement pour la préservation du crapaud vert à Wittenheim, en France. Cette espèce particulière a besoin de mares peu végétalisées pour se reproduire.
Certaines espèces animales, comme les libellules dépendent des mares et des étangs pour leur développement.
La mare d'ornement, en plus de son aspect esthétique, développe également des fonctions écologiques et abrite une importante biodiversité.
La mare a un intérêt patrimonial, autrefois très abondantes dans les campagnes, elles servaient à abreuver le bétail et les animaux de basse-cour ainsi que de réserve d'eau et de poisson (Peinture d'Adolf Chelius ; 1856-1923).

Une mare est une étendue d'eau stagnante peu profonde (pérenne ou non, naturelle ou non), ayant une superficie inférieure à celle d'un étang. Avec ces derniers, les mares ont la particularité d'accueillir une biodiversité significativement plus importante que les autres systèmes aquatiques d'eau douce[1] tels les lacs et rivières, d'où les politiques de conservation mises en œuvre. Chaque mare abrite toutefois un écosystème propre. Les mares ont été classées parmi les grands biomes aquatiques par le WWF, et en Europe au moins 25 % de la biodiversité en dépend ainsi que d'autres zones humides.

Il est fréquent que des mares proches les unes des autres aient des couleurs et turbidités différentes. Dans les marais ou les tourbières, elles peuvent former des microhabitats où la rétention d'eau est prolongée (microhabitat appelé gouille contournant des levées ou buttes). La structure topographique en buttes et gouilles peut être liée au déracinement des arbres lors de tempêtes, à des effets de colmatage du fond de petites dépressions par les débris organiques, au comblement progressif de la gouille par la croissance centripète de la butte à sphaignes, à des causes souterraine comme des affaissements dus à une minéralisation de la matière organique[2].

Il n'y a pas de critère précis pour différencier une grande mare d'un petit étang, si ce n'est que les mares n'ont généralement pas d'exutoires, alors que les étangs sont souvent alimentés par une source ou un ruisseau et ont un exutoire[3]. L'étang est souvent artificiel et barré par une « chaussée »[3], un seuil ou un « bief » (qui permet éventuellement de le vider comme dans la Dombes). La mare d'ornement, généralement artificielle, se différencie du bassin de jardin classique par son eau stagnante et son absence de poissons. Alors qu'elles ont fortement régressé au XXe siècle (« de nombreux pays industrialisés ont perdu de 50 à 90 % de leurs mares »), on leur retrouve une valeur esthétique et patrimoniale ; comme élément important du patrimoine aménitaire (beauté du paysage « inestimable »).

La presque totalité des mares subsistant dans les zones densément peuplées ou cultivées résultent d'activités humaines, mais ce sont des habitats qui se sont pour partie substitués aux tourbières et marais drainés par l'Homme depuis la Préhistoire. Elles sont moins régulées par l'Homme que les étangs plus souvent curés, vidés, empoissonnés ou utilisés comme zones de loisir. Elles ont longtemps servi de réserves d'eau pour la maison, ou contre les incendies. Autrefois vitales pour les agriculteurs, notamment là où les cours d’eau sont absents et la nappe peu accessible, les mares ont longtemps été des réserves d’eau pour le bétail, la volaille, les chevaux, pour la lessive, la cuisine, la vaisselle, la toilette, contre les incendies et les sécheresses. Ce furent aussi des lieux de rouissage du lin ou du chanvre, des réserves d'eau pour les forges, des bassins pour l'assouplissement des osiers de vannerie, etc. voire des piscicultures ou viviers. Elles ont mieux persisté dans les zones pâturées, là où l’agriculture n’a pas converti les élevages en élevage hors-sol. L'adduction de l'eau potable et la crainte hygiéniste qu'elles soient des foyers d'infection pour le bétail les ont fait disparaître de nombreux paysages en quelques décennies, au XXe siècle.

  1. (en-GB) « Freshwater ecosystems », sur Forest Research, (consulté le )
  2. Jean-Michel Gobat, Michel Aragno, Willy Matthey, Le sol vivant : bases de pédologie, biologie des sols, PPUR Presses polytechniques, (lire en ligne), p. 349.
  3. a et b Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées CourrierNat97

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