Le mouvement technocratique est un mouvement social promouvant un ordre social technocratique, qui a connu une certaine importance et notoriété dans les années 1930 aux États-Unis et au Canada, au plus fort de la Grande Dépression. Trouvant ses racines dans les œuvres de Thorstein Veblen et de Edward Bellamy, ce mouvement a principalement été porté par un personnage controversé, Howard Scott, qui créa successivement la Technical Alliance en 1920, l'Energy Survey of North America en 1932 et Technocracy Inc. en 1933.
Ce mouvement analyse la Grande Dépression comme étant le constat d'échec du « système prix », qui fixe arbitrairement une valeur aux biens et services en fonction de l'offre et de la demande, incitant à une accumulation et une inégalité de répartition des richesses, qui sont parmi les facteurs à l'origine de la crise. Le système politique, de tout bord, considéré comme corrompu et inefficace pour créer et distribuer les richesses est fortement critiqué. En réponse à ce constat, ce mouvement propose un ordre social autarcique, où les richesses produites, évaluées et échangées en unités d'énergie, seraient partagées de manière égale entre tous les citoyens. Le système industriel et social est dirigé par des experts techniques, selon des méthodes scientifiques, dont le seul objectif serait de maximiser la production des richesses, pour créer une « économie de l'abondance ».
Après avoir connu une grande notoriété en 1932, le mouvement technocratique se scinde en deux organisations Technocracy Inc. et Continental Committee for Technocracy. Le CCT connait un certain succès, comptant jusqu'à 25 000 adhérents[1], jusqu'en 1936 où il disparait complètement faute de capacité organisationnelle de ses deux dirigeants[2]. Technocracy Inc. réussit à mieux s'organiser et progresse jusqu'au début des années 1940, comptant probablement jusqu'à 20 000 adhérents, avec au total environ 40 000 personnes ayant adhéré au mouvement à un moment ou à un autre[3]. Après cette date, le mouvement décline irrésistiblement, mais subsiste toujours de nos jours[4].
Cependant, les idées du mouvement technocratique ont eu une certaine influence dans la société américaine, et on retrouve un certain nombre de composantes technocratiques dans la politique du New Deal menée par Roosevelt de 1933 à 1938[5], et des influences contemporaines dans des organisations comme The Venus Project.