Noms et adjectifs de couleur

« Il n'est guère de domaine peut-être où le vocabulaire populaire ou le vocabulaire de métier ait eu à subir autant de débordante fantaisie que celui de la couleur. »

— Maurice Déribéré[1].

Les noms et adjectifs utilisés pour indiquer les couleurs diffèrent selon les langues et les contextes culturels. Si la vision des couleurs est commune au genre humain, l'étendue et les limites des ensembles de couleurs que désignent les mots sont très variables.

Le mots de la couleur peuvent évoquer directement l'expérience visuelle. Ces mots, comme bleu, jaune, gris, désignent des grandes catégories de couleurs appelées champs chromatiques. D'autres mots évoquent la couleur par métonymie, en utilisant le nom d'une matière ou d'un objet représentatif, comme turquoise. La grammaire française traite ces deux catégories différemment pour l'accord. Les champs chromatiques sont l'objet d'études et de controverses linguistiques et anthropologiques.

Les noms de couleur peuvent s'utiliser comme adjectifs. Pour préciser une couleur, les mots peuvent dans certains cas se combiner : un bleu-violet ; des adjectifs comme pâle ou foncé situent aussi la couleur sans la définir entièrement.

Les noms de couleur participent de l'ambiguïté du terme couleur. Une couleur peut aussi bien désigner une sensation colorée, comme rouge, qu'une matière servant à la produire, comme le rouge à lèvres. Un nom désignant un colorant, comme garance, peut par la suite désigner une gamme de couleurs parmi celles qu'il peut produire. Quant aux sensations colorées visuelles, elle comprennent, outre les couleurs au sens de la colorimétrie, la transparence, le brillant et le nacré. Les noms de couleur s'appliquent la plupart du temps à des objets qui comportent l'ensemble de ces propriétés. Ainsi, des tissus de soie colorés avec la même teinture peuvent se vendre sous des noms différents en satin brillant, en toile lisse, en tulle et en crêpe, parce que les idées qui s'associent communément aux noms commerciaux conviennent mieux aux différents aspects de ces matières[2].

  1. Maurice Déribéré, La couleur, Paris, PUF, coll. « Que Sais-Je » (no 220), , 12e éd. (1re éd. 1964), p. 7 « Vocabulaire et terminologie »
  2. Pour une discussion de ces questions du point de vue de la colorimétrie, voir Robert Sève, Science de la couleur : Aspects physiques et perceptifs, Marseille, Chalagam, , p. 253-302.

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