L'Occident ou la civilisation occidentale est une aire culturelle dont les définitions recouvrent généralement la majorité de l'Europe, l'Amérique septentrionale et l'Australasie[1] dans sa définition la plus restrictive. Sa société contemporaine résulte de la civilisation gréco-romaine (philosophie, science et droit) et de la religion chrétienne (branches catholiques et protestantes)[2]. Son emploi actuel sous-entend également une distanciation avec soit le reste du monde[3], soit une ou plusieurs autres zones d'influences du monde comme le monde arabe, le monde chinois ou la sphère d'influence russe. À l'origine, cette distanciation s'exprimait face à l'Orient.
La notion politique d'Occident apparaît progressivement à partir de 285, avec la division de l'Empire romain, lorsque l'Empire romain d'Occident, qui utilise l'alphabet latin, se forme autour de Rome, et que l'Empire romain d'Orient, qui regroupe les territoires hellénistiques de Grèce, d'Anatolie, du Levant et d’Égypte, se constitue autour de Constantinople. Cependant, cette division sous Dioclétien est avant tout administrative (principe de tétrarchie) et il faut attendre 395 et la mort de Théodose Ier pour que la division entre les deux moitiés devienne héréditaire, une très forte coopération subsistant néanmoins, notamment judiciaire et législative, entre les deux moitiés.
Le déclin de l'Empire romain d'Occident aboutit à la fin de l'unité politique occidentale en 476. La chute de Rome cette année-là entraîne de nombreux troubles religieux, les chrétiens chalcédoniens (qui se scindent plus tard entre catholiques et orthodoxes), devant faire face aux invasions de barbares païens (tels que les Francs) et ariens (Wisigoths et Ostrogoths, Vandales). Cependant, ces peuples en extrême minorité dans les territoires conquis se convertissent rapidement, ce qui conduit à l'extension de l'influence de l'Église catholique romaine vers l'Europe du Nord et l'Europe centrale. L'avancée Omeyyade en Espagne après la bataille du Guadalete est arrêtée par Charles Martel, victorieux à Poitiers en 732, ce qui permet l'affirmation de la puissance franque comme protectrice et bras armé de la foi chrétienne en Europe. C'est dans ce contexte que Charlemagne prend le titre d'empereur d'Occident en l'an 800, et que des projets de mariage avec l'impératrice Irène l'Athénienne en Orient sont élaborés, pour réunifier l'Empire Romain et la chrétienté.
En 1078, les Turcs seldjoukides interdisent aux pèlerins chrétiens l'accès à Jérusalem entrainant en 1096 le début des croisades durant lesquels les Occidentaux, et surtout les princes Francs, lancent des expéditions armées en « Terre sainte », à l'appel initialement de l'empereur byzantin Alexis Ier Comnène. Le schisme de 1054 avait entre-temps marqué une rupture formelle entre Rome et Constantinople, ainsi que l'affirmation du Pape de Rome face aux autres membres de la Pentarchie, et face à l'empereur byzantin, ce qui entraîna une rupture entre les chrétiens catholiques, reconnaissant la suprématie du pape, et orthodoxes, qui restèrent fidèles au Patriarcat œcuménique de Constantinople. La quatrième croisade, détournée par la république de Venise, se conclut par un sac de Constantinople par les croisés. Celui-ci affaiblit durablement l'Empire d'Orient, qui ne pourra reconquérir Constantinople qu'en 1261 et ne pourra pas repousser une nouvelle poussée des Turcs en Anatolie occidentale qui finiront par former l'Empire ottoman, mais amorce la Renaissance en Occident.
À partir du XVe siècle, le monde connaît deux bouleversements importants : la Réforme protestante qui bouleverse le christianisme occidental et la prise de Constantinople par les Ottomans. La prise de Grenade en 1492 marque à la même période la fin de la Reconquista dans la péninsule ibérique. Les États européens abandonnent la route de la soie et commencent à chercher de nouvelles route vers les Indes : cette période nommée des « Grandes découvertes » aboutit à la conquête progressive du « Nouveau Monde ». S'ensuivra une période de progrès techniques, l'établissement des comptoirs coloniaux, qui deviendront avec le temps des empires coloniaux, le « siècle des Lumières » et enfin la révolution industrielle. L'Empire russe s'occidentalise dès Pierre le Grand, soucieux de réformer une société russe sclérosée par les anciens privilèges sur le modèle français, mais l'avènement de l'URSS conduit pendant la seconde moitié du XXe siècle à la guerre froide et à un monde bipolaire dominé, d'une part, par les États-Unis et leurs alliés au sein du bloc de l'Ouest, organisé autour de nombreuses alliances parmi lesquelles la plus importante est l'OTAN ; d'autre part, par l'URSS et les autres pays communistes de l'Empire soviétique, constituant le bloc de l'Est.
Au début du XXIe siècle, on admet généralement que l'« Occident » regroupe l'Europe occidentale (c'est-à-dire l'Union européenne, le Royaume-Uni et l'Association européenne de libre-échange [AELE]), le Canada, les États-Unis[4],[5], l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Par analogie avec la notion d'Extrême-Orient, mais aussi pour souligner leur proximité avec le monde occidental, les pays latino-américains sont parfois désignés comme l'« Extrême-Occident »[6]. Les citoyens des pays du monde occidental sont couramment appelés « Occidentaux ». L'Occident regroupe approximativement 950 millions de personnes dans sa définition la plus restreinte (Europe catholique et protestante, Amérique septentrionale et Australasie) et environ 1,6 milliard de personnes si on inclut l'Amérique latine.