Pollution lumineuse

Image satellite composite montrant l'émission nocturne de lumière vers l'espace, essentiellement concentrée dans l'hémisphère nord dans les pays les plus industrialisés ; en Amérique, en Europe de l'Ouest et dans l'est de la Chine et au Japon. L'Inde, où une politique d'éclairage initiée par les Anglais a été poursuivie après l'indépendance, se démarque également.
Il s'agit d'une superposition de photographies prises de nuit et par temps clair ; les limites des continents sont produites par l'ajout en couleurs sombres, des photographies équivalentes diurnes.
Il est difficile d'observer un ciel étoilé en ville et les observatoires astronomiques sont bien souvent installés dans des zones reculées.

La pollution lumineuse est à la fois la présence nocturne anormale ou gênante de lumière et les conséquences de l'éclairage artificiel nocturne sur la faune, la flore, la fonge (le règne des champignons), les écosystèmes ainsi que les effets suspectés ou avérés sur la santé humaine.

Survol de la Terre, du nord de l'Afrique au nord du Kazakhstan en passant par l'ouest du détroit de Gibraltar et l'Europe de l'Est.
Vidéo réalisée par l'équipage de l’expédition 29 à partir de la Station spatiale internationale en . Seule la mer Noire, qui se détache comme une tache sombre entourée de halos lumineux urbain, semble relativement épargnée par l'éclairage artificiel. Même dans les zones réputées relativement isolées ou désertiques, des taches de lumière sont visibles (forages pétroliers, gaziers, petites villes…).

Comme celle de pollution du ciel nocturne qui la remplace parfois et qui désigne particulièrement la disparition des étoiles du ciel nocturne en milieu urbain, la notion de pollution lumineuse est apparue dans la deuxième moitié du XIXe siècle et a évolué depuis.

À la fois piège écologique, barrière immatérielle et perturbateur endocrinien pour de nombreuses espèces[1], elle se distingue des nuisances lumineuses en ce qu'elle affecte également les écosystèmes et les humains ; l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) recommande en 2014 aux collectivités de l'inclure parmi les indicateurs de pression sur la biodiversité[2]. Elle est souvent associée à la notion de gaspillage d'énergies, dans le cas d'un éclairage artificiel inadapté et s'il constitue une dépense évitable d’énergie.

La pollution lumineuse est souvent évaluée par l'échelle de Bortle. Le premier atlas mondial exploitant l'imagerie satellitaire des années 1996-1997 montre qu'en 1997 18,7 % des terres émergées sont touchées (61,8 % des États-Unis hors Alaska et Hawaï, et 85,3 % de l'Union européenne)[3]. Le phénomène continue depuis à s'aggraver[4], tant pour l’intensité lumineuse que pour l'étendue des zones illuminées[5], d'environ 6 % par an, progressant par exemple de 6 % par an des années 1990 à 2010[6] et de 2,2 % en quatre ans (2012-2016) à l'échelle mondiale[7], devenant l'une des menaces importantes pour la biodiversité[8].

  1. Loury romain, Espèces nocturnes: la pollution lumineuse, « piège ou barrière», Actu Environnement, 24 juin 2019 (interview de Romain Sordello du Muséum).
  2. Indicateurs de biodiversité pour les collectivités : Cadre de réflexion et d’analyse pour les territoires, Paris, France, Union internationale pour la conservation de la nature, , 160 p. (lire en ligne [PDF]), « Autres pollutions de l'environnement », p. 75.
    Rapport rédigé par l'UICN France dans le cadre de son travail d'accompagnement des collectivités territoriales (groupe de travail « Collectivités et Biodiversité ».
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  4. « La nuit recule en Europe », Ciel et Espace (carte animée d'après données NGDC/DMSP/ESA) (consulté 13 mars 2015).
  5. Cinzano, P. (2003) The growth of the artificial night sky brightness over North America in the period 1947–2000: a preliminary picture. Light Pollution: The Global View (ed. H.E. Schwarz), p. 39–47. Kluwer Academic Publishers, Dordrecht ; Web of Science
  6. (en) Franz Hölker, Timothy Moss, Barbara Griefahn, Werner Kloas, Christian C. Voigt, Dietrich Henckel, Andreas Hänel, Peter M. Kappeler, Stephan Völker, Axel Schwope, Steffen Franke, Dirk Uhrlandt, Jürgen Fischer, Reinhard Klenke, Christian Wolter et Klement Tockner, « The Dark Side of Light: A Transdisciplinary Research Agenda for Light Pollution Policy », Ecology and Society, Resilience Alliance, vol. 15, no 4,‎ (ISSN 1708-3087, DOI 10.5751/es-03685-150413, lire en ligne).
  7. « Les corridors noirs pour protéger les animaux de la pollution lumineuse », L'édito carré, sur France Inter, .
  8. (en) Franz Hölker, Christian Wolter, Elizabeth K. Perkin et Klement Tockner, « Light pollution as a biodiversity threat », Trends in Ecology & Evolution, Elsevier BV, vol. 25, no 12,‎ , p. 681-682 (ISSN 0169-5347, DOI 10.1016/j.tree.2010.09.007, lire en ligne).

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