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Robert Musil [ˈʁoːbɛɐ̯t ˈmuːzɪl][1], né le à Klagenfurt en Carinthie et mort le à Genève, est un ingénieur, écrivain, essayiste et dramaturge autrichien[2].
Né au sein de la génération expressionniste allemande[3], Robert Musil est surtout connu pour son premier roman, Les Désarrois de l'élève Törless (1906), et pour son roman inachevé L'Homme sans qualités (2 tomes, 1930-1933). Ce roman a suscité peu de réactions lors de sa publication au début des années 1930 et n'a été redécouvert que dans les années 1950, grâce à Adolf Frisé, qui en édita une version remaniée, en trois tomes. Cette œuvre est considérée comme un des romans fondateurs du XXe siècle, avec À la recherche du temps perdu de Marcel Proust et Ulysse de James Joyce, selon les mots de l'écrivain Thomas Mann, qui admira toujours le travail de Robert Musil. En effet, le lecteur y « trouve exprimée, en termes plus forts et plus complexes que nulle part ailleurs, cette aspiration du début du XXe siècle à redéfinir une culture, une spiritualité sur les ruines du passé, ce regret d'une totalité mythique perdue »[3].
Robert Musil est l'auteur d'autres romans, d'essais d'analyse politique ou psychologique, de deux pièces de théâtre et d'une série de nouvelles regroupées dans le recueil Œuvres pré-posthumes. Pour beaucoup de spécialistes, ses écrits ont pleinement participé à la création de la modernité littéraire en plus de faire éclater le cadre romanesque[4].
Son esthétique littéraire est fondée sur le pouvoir de l'observation quasi scientifique et sur l'analyse des faits humains et des sensations, à la recherche de ce qu'il nomme « la structure essentielle des choses »[5]. Le problème de la connaissance l'a profondément marqué, à tel point que Musil a abandonné une brillante carrière d'ingénieur pour celle d'écrivain et de philosophe[6]. Pour son traducteur français, le poète Philippe Jaccottet, « Musil est un sceptique, […] il est partagé entre sa fascination pour la science, la rationalité et la poésie, et même la mystique »[7], se voulant le témoin d'une civilisation à l'agonie car désenchantée.