Un sophiste (du grec ancien σοφιστής / sophistès, « spécialiste du savoir ») est à l'origine un orateur et un professeur d'éloquence de la Grèce antique, considéré par sa culture et sa maîtrise du discours comme un personnage éminent dès le Ve siècle av. J.-C. (en particulier dans le contexte de la démocratie athénienne), et type d'homme contre lequel la philosophie va en partie se développer. De nos jours, un sophiste est une « personne utilisant des sophismes, des arguments ou des raisonnements spécieux pour tromper ou faire illusion »[1].
La sophistique est, par ailleurs, à la fois le mouvement de pensée issu des sophistes qui s'est développé à l'époque de Socrate, mais aussi le développement de la réflexion et de l'enseignement rhétorique, en principe à partir du IVe siècle av. J.-C., en pratique à partir du IIe siècle dans l'Empire romain. Leurs détracteurs (dont le plus célèbre fut Platon) estiment que, n'ayant en vue que la persuasion d'un auditoire, que ce soit dans les assemblées politiques ou lors des procès en justice, les sophistes développent des raisonnements dont le but est uniquement l'efficacité persuasive, et non la vérité, et qui à ce titre contiennent souvent des vices logiques, bien qu'ils paraissent à première vue cohérents : des « sophismes ». Les sophistes ne s’embarrassaient pas de considérations quant à l'éthique, à la justice ou à la vérité.
Cependant, depuis le XIXe siècle et parallèlement à l'effondrement progressif des principes moraux et éthiques issus de l'antiquité, certains commencent à voir en eux non plus des rhéteurs vaniteux ou des jongleurs d'idées sans principes, mais des penseurs sérieux, parfois tragiques militants d'un humanisme qu'on rapprocherait à bon droit de l'époque des Lumières, à moins qu'ils ne soient les précurseurs de notre « postmodernité »[2].