Le sumi-e (墨絵 , signifiant « peinture à l’encre ») ou suiboku-ga (水墨画 , « image à l’eau et à l’encre ») est un mouvement de la peinture japonaise originaire de Chine et dominant à l’époque de Muromachi[1] (1333–1573). Ce courant se caractérise par l’usage du lavis à l’encre noire, la prédominance du paysage comme sujet et la proximité avec la philosophie du bouddhisme zen[2].
Venue de Chine, la technique du lavis apparaît au Japon aux alentours du VIIIe siècle, puis s’impose comme la peinture dominante à l’époque de Muromachi sous l’influence du zen, des célèbres paysages au lavis de la Chine des Song et de grands maîtres comme Josetsu, Shūbun ou Sesshū[3]. Le peintre de sumi-e modifie la dilution de l’encre, la position du pinceau, la force et la vitesse pour jouer sur l’épaisseur et la netteté des lignes ainsi que les niveaux de gris[4].
Le sumi-e perd de sa vigueur à la fin de l’époque de Muromachi, qui marque le retour de la peinture de genre aux couleurs éclatantes[5]. Ses influences restent tangibles dans le style de différents peintres de l’école Kanō ainsi que le bunjin-ga, qui renoue avec la monochromie au XVIIIe siècle. De nos jours, la peinture au lavis, qui a donné quelques-unes des œuvres les plus acclamées des arts japonais, est très intimement associée à la culture raffinée de Muromachi tout empreinte du bouddhisme zen, de même que la cérémonie du thé, le nô, les jardins secs ou l’ikebana[6].