Sylla

Sylla
Lucius Cornelius Sulla
Image illustrative de l’article Sylla
Pseudo-« Sylla », copie d'époque augustéenne, Glyptothèque de Munich.

Titre Consul (88)
Dictateur (fin 82-mi-81)
Consul (80)
Conflits Guerre de Jugurtha (107-105)
Guerre des Cimbres (104-101)
Guerre sociale (90-89)
Guerre civile contre Marius (88-87)
Guerre contre Mithridate (87-85)
Seconde guerre civile (83-82)
Faits d'armes Capture de Jugurtha (105)
Capture de Copilos (103)
Bataille de Verceil (101)
Prises de Rome (88) et d'Athènes (86)
Batailles de Chéronée et Orchomène (86)
Bataille de Sacriport (82)
Bataille de la porte Colline (82)
Distinctions Couronne obsidionale (90)
Triomphe (81)
Autres fonctions Questeur puis légat en Numidie (107-105)
Lieutenant lors de la guerre des Cimbres (104-101)
Préteur urbain (97)
Proconsul en Cilicie (96)
Légat en Italie (90-89)
Proconsul/général en Grèce/Asie/Italie (87-82)
Biographie
Nom de naissance Lucius Cornelius Sulla
Naissance
à Rome ?
Décès
à Pouzzoles, Campanie
Père Lucius Cornelius Sulla
Mère Inconnue
Conjoint (?) Ilia ? (=1 ?)
(1) Ælia
(2) Cloelia
(3) Caecilia Metella Dalmatica
(4) Valeria
Enfants Cornelia Sylla (de Ilia ou 1)
Lucius, mort jeune (3)
Cornelia Fausta (3)
Faustus Cornelius Sulla (3)
Cornelia Postuma (4)
Portait de Sylla à l'avers d'un denier de son petit-fils. Légende : « SYLLA COS ». Il s'agit là de son seul véritable portrait. On ne peut pourtant que difficilement identifier un buste anonyme aux contours plus ou moins semblables, d'autant plus qu'on a mis en doute le réalisme de ce portrait[1].

Sylla ou Sulla, en latin Lucius Cornelius Sulla (Felix à la fin de sa vie), né en et mort en , est un célèbre général et homme politique romain de la fin du IIe et du début du Ier siècle av. J.-C.

Né dans une famille de vieille aristocratie déchue, il reçoit une éducation digne de son rang, bien que les auteurs antiques évoquent une jeunesse de débauche, influencés par des sources postérieures hostiles à Sylla. Il gagne une excellente réputation auprès des soldats à partir de 107 alors qu'il est lieutenant de Caius Marius pendant la guerre de Jugurtha. Il retire de la gloire de la capture de Jugurtha en 105, au détriment de son chef, et participe avec éclat aux campagnes contre les Cimbres et Teutons entre 104 et 101, d'abord sous Marius puis sous Catulus. Marius, riche homo novus, est extrêmement populaire grâce à ces deux guerres victorieuses, mais vite isolé dans les années suivantes. Il naît une forte inimitié entre lui et Sylla pendant cette période.

Élu préteur en 97 après un échec l'année précédente, il devient ensuite proconsul en Cilicie en l'an 96, établissant Ariobarzane sur le trône de Cappadoce et mettant en échec les projets de Mithridate VI du Pont. Il négocie le premier traité diplomatique de Rome avec les Parthes. Après son retour à Rome en 95, il ne postule pas au consulat et ne revient sur le devant de la scène qu'en 90 comme légat lors de la guerre sociale, à l'instar de Marius. Dans ce conflit très dur où les Italiques prennent d'abord l'avantage sur Rome, Sylla remporte de nombreux succès, obtenant la couronne obsidionale et étant le principal acteur de la victoire finale de Rome. À l'inverse, Marius y voit encore diminuer son prestige. Sylla, désormais l'homme providentiel à Rome, est élu consul avec Pompeius Rufus pour l'année 88, se voit attribuer le commandement pour la guerre contre Mithridate et conclut un mariage prestigieux avec Caecilia Metella Dalmatica.

Commence alors la première guerre civile entre Marius et Sylla. Un tribun de la plèbe, Sulpicius Rufus, se rallie à Caius Marius, aux réformateurs et à leurs propositions démocratiques. Sylla ne peut maintenir l'ordre à Rome et rejoint son armée, soit abusé par un accord trouvé avec le tribun et Marius, soit qu'il se prépare à combattre. Sulpicius Rufus fait destituer Pompeius Rufus et fait confier le commandement de la guerre en Orient à Marius. Les consuls marchent sur Rome, fait exceptionnellement grave, s'emparent de la ville et contraignent Marius à la fuite. Les principaux populares sont déclarés « ennemis publics », et si Marius échappe à la mort, Sulpicius Rufus est assassiné. La vie politique à Rome semble reprendre son cours, mais Pompeius Rufus est tué à son tour par ses soldats et Sylla préfère s'embarquer pour l'Orient. Les populares reprennent le pouvoir à Rome, par l'intermédiaire de Caius Marius et Cornelius Cinna, consul quatre années de suite. Les partisans de Sylla sont tués ou bannis.

Marius, très âgé, décède en 86, mais l'Italie et Rome sont aux mains des populares tandis que Sylla mène la guerre en Orient. Mithridate a fait exécuter des dizaines de milliers de résidents romains et italiens en Asie et la majeure partie de la Grèce s'est ralliée à lui. La guerre se termine par la victoire des légions romaines, pourtant inférieures en nombre, menées par Sylla. Celui-ci signe la paix de Dardanos en 85, peu défavorable au roi du Pont qui conserve son royaume et l'immense butin raflé par ses pillages au début de la guerre. Mais Sylla a hâte d'en finir, car sa position est délicate, étant un « ennemi public » à Rome. Il réorganise la province d'Asie et regagne lentement l'Italie au début de l'année 83. Il sort vainqueur de la nouvelle guerre civile à la fin de l'an 82. Pour procéder à une purge politique tout en évitant les règlements de compte aveugles qui ont eu lieu sous le régime des partisans de Marius, il recourt à une méthode originale : la proscription de 82.

Sylla se fait nommer dictateur. Il obtient des pouvoirs constituants à vie — « dictator legibus scribundis et rei publicae constituendae » — et concentre entre ses mains, sans conditions de durée, la plénitude de l'autorité publique. Après avoir célébré son triomphe, il prend le second cognomen de Felix et restaure le pouvoir du Sénat romain, dans l'espoir de sauver la République « aristocratique » et limite le pouvoir des tribuns de la plèbe, vecteurs de l'opposition populaire. L'œuvre réformatrice qu'il entreprend n'a pas de vocation monarchiste. Il abdique la dictature six mois plus tard, au milieu de l'année 81. Il conserve son imperium et se fait élire consul pour l'année 80.

À l'issue de son second consulat, Sylla se retire en 79 de la vie politique, avant de mourir un an plus tard à Pouzzoles, en Campanie, en l'an 78.

  1. Hinard 1985, p. 292.

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