Le tophet de Carthage, aussi appelé tophet de Salammbô, est une ancienne aire sacrée dédiée aux divinités phéniciennes Tanit et Baal situé dans le quartier carthaginois de Salammbô, en Tunisie, à proximité des ports puniques. Ce tophet, « hybride de sanctuaire et de nécropole »[1], regroupe un grand nombre de tombes d'enfants qui, selon les interprétations, auraient été sacrifiés ou inhumés en ce lieu après leur mort prématurée. Le périmètre est rattaché au site archéologique de Carthage classé au patrimoine mondial de l'Unesco.
La question du sort de ces enfants est fortement liée à la religion phénicienne et punique mais surtout à la manière dont les rites religieux — et au-delà la civilisation phénicienne et punique — ont été perçus par les Juifs dans le cas des Phéniciens ou par les Romains à l'occasion des conflits qui les opposèrent aux Puniques. En effet, le terme de « tophet » désigne originellement un lieu proche de Jérusalem synonyme de l'enfer[2] : ce nom provenant de sources bibliques induit une interprétation macabre des rites supposés y avoir lieu et corrobore un postulat partagé par les interlocuteurs ayant livré des sources sur les Phéniciens en général et les Puniques en particulier : la religion à Carthage était « infernale ». Plus récemment, l'imaginaire collectif a été alimenté par le roman de Gustave Flaubert[3], Salammbô[4] (1862), qui donna son nom au quartier où fut découvert le sanctuaire. La bande dessinée Le Spectre de Carthage, partie des aventures d'Alix écrites par Jacques Martin, reprend cette interprétation.
La difficulté majeure pour déterminer la cause des inhumations réside dans le fait que les seules sources écrites rapportant le rite du sacrifice des enfants sont toutes étrangères à la cité de Carthage. Les sources archéologiques — stèles et cippes — sont quant à elles sujettes à de multiples interprétations. Le débat a donc été longtemps vif et n'est pas encore totalement tranché entre les divers historiens qui se sont penchés sur le sujet. La plus grande prudence s'impose donc, l'historien de l'Antiquité se trouvant face à des sources écrites et archéologiques sinon divergentes, du moins soumises à interprétations.