Une femme de lettres est une femme qui a une pratique de l'écriture, dans le but de produire des œuvres de nature littéraire ; par extension, elle peut, éventuellement, tenir un salon littéraire.
Cette expression — qui peut aujourd'hui sembler désuète – se popularise au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, elle témoigne de l'avancement et de l'éducation des femmes, qui, issues aussi bien de la petite bourgeoisie que de l'aristocratie, deviennent « lettrées » et se revendiquent comme telles : c'est une forme de pouvoir, une affirmation de leur existence sur le plan social, culturel et politique. Elle témoigne également d'une professionnalisation féminine progressive des métiers de l'écriture dans un champ largement dominé par les hommes.
Ce mouvement de fond remonte à la Renaissance, trouve son apogée dans la Révolution anglaise (1688), et dans la Révolution française, et durant cet intervalle, au cours des Lumières. Au XIXe siècle, les premiers mouvements et combats féministes structurés s'affirment sur le terrain de l'édition et de la presse écrite, deux véritables industries, qui permettent une multiplication des voix féminines par l'écrit, sans passer par l'anonymat et l'usage de pseudonymes prénominaux masculins.
De Christine de Pisan à Virginia Woolf, l'étude des textes produits par ces femmes durant plus de cinq siècle permet de comprendre l'évolution de la condition féminine et son impact sur le travail artistique des femmes de lettres[1].
D'après Claire Lesage, le talent bridé de certaines femmes de lettres est sans doute le pâle reflet de ce qu’il aurait pu être dans des conditions sociales et financières plus propices à l’exercice de cet art[2].